Au LuxembourgGîte, bière et escalade à la Lentille
ESCH-SUR-ALZETTE - Une expo capture la Lentille Terres-Rouges, à l’aube de sa reconversion en quartier durable.

«J’ai travaillé avec une lumière d’orage, pour éviter les ombres et restituer le plus fidèlement possible le sentiment que vous éprouvez la première fois que vous mettez les pieds à la Lentille Terres-Rouges. Le côté monumental de ces bâtiments industriels délabrés», détaille Philippe Roguet.
Le photographe faisait jeudi à la galerie Schlassgoart à Esch-sur-Alzette le vernissage d’une expo captant le passage de temps sur cet ancien site sidérurgique au sud-ouest de la Métropole du Fer, à l’aube de sa reconversion en quartier durable. Les grands clichés déclinent des teintes noires, gris, ocre… Le détail est si précis qu’on penserait pouvoir gratter à l’ongle la peinture vert d’eau qui s’écaille des murs.
Photos d'archive et plans de 100 ans
Pour renforcer l’immersion, le studio Virtual Rangers a créé un dispositif de réalité augmenté pour montrer les bâtiments en 3D. Ce qui a nécessité de travailler avec des photos d’archive et des plans datant d’une centaine d’années.
Pendant qu'ils œuvraient, l’entreprise IKO Real Estate, chargée de l'aménagement du site, s’affairait également.
«Pendant l’année écoulée, nous avons bouclé la partie administrative et creusé des trous jusqu’à huit mètres de profondeur pour retrouver le terrain naturel du site. Les monticules sont les fondations des hauts-fourneaux, qui avaient déjà disparu à notre arrivée. Nous les avons concassées pour les réutiliser en sous-couche de voirie», explique Sandra Huber, responsable du projet Rout Lëns chez IKO Real Estate.
Un budget de 15 millions d'euros
La disparition de la Möllerei avait fait des vagues mais l’entreprise a gardé d’autres bâtiments. «Le hall des Soufflantes devrait abriter un mur d’escalade. Il donnera sur une place publique et sur les bassins de rétention qui seront traités comme un plan d’eau. Le magasin TT accueillera l’exposition de Virtual Rangers, destinée à se développer. Le hall des Turbines deviendra un "tiers-lieu" culturel. Le grand hall en hauteur sur le portique sera reconstitué. On fera pousser du houblon pour brasser de la bière sur le site».
Le poste d’aiguillage deviendra un gîte de charme où les habitants du quartier pourront par exemple loger belle-maman quand elle vient en visite», énumère Sandra Huber. IKO prévoit déjà le début des travaux d’un premier ensemble de logements vers 2024. «Les premiers habitants devraient arriver en 2026».
Le coût de ce quartier? «Il reste des inconnues, mais il est conséquent. Rien que de stabiliser les anciens bâtiments industriels pour qu’ils ne se dégradent pas plus, c’est un budget de 15 millions d’euros», précise Sandra Huber.
(L'essentiel/ Séverine Goffin)