Coronavirus au Luxembourg«Jusqu'au 31 juillet, les festivités seront interdites»
Trois phases, le redémarrage des chantiers, la réouverture des établissements scolaires. Xavier Bettel et Paulette Lenert ont détaillé la stratégie de déconfinement au Luxembourg, mercredi.

Le Premier ministre, Xavier Bettel, et la ministre de la Santé, Paulette Lenert, se sont exprimés, ce mercredi 15 avril, de 17h à 18h15, après un Conseil de gouvernement qui a évoqué la crise actuelle.
«Tout d'abord, une remarque préliminaire qui nous concerne tous. Cela fait pratiquement un mois que nous sommes dans une situation exceptionnelle», a initié Xavier Bettel. «Nous avons pris rapidement des mesures et nous avons dû organiser très vite la lutte contre le coronavirus et cela a perturbé notre vie quotidienne à tous. Nous avons toujours une solidarité nationale qui fonctionne au Luxembourg. Le virus est sous contrôle et la situation n'est pas la même que dans les pays limitrophes. La situation est maîtrisée par notre système de santé et il faut continuer à rester discipliné pour éviter des problèmes dans les semaines à venir».
«Nous pouvons aujourd'hui annoncer de nouvelles mesures», a enchaîné Xavier Bettel. «Comment réintégrer petit à petit une vie qui a plus de normalité? Nous travaillons vers cet objectif, mais demain tout ne retournera pas à la normale, ce n'est pas possible. Nous faisons tout pour ne pas propager le virus. Nous allons commencer le chemin vers le déconfinement tout doucement. Dans les semaines et les jours à venir, nous suivrons de près l'évolution du virus et la capacité des lits disponibles».
«Les chantiers ouverts à partir du 20 avril, retour à l'école fondamentale le 25 mai»
«Nous allons mettre en place un comité que nous allons consulter régulièrement», a précisé le chef du gouvernement lors de la conférence de presse. «Il sera composé de huit personnes pour prendre des décisions éthiques, sanitaires, économiques... C'est important d'avoir un tel comité avec lequel nous pouvons avoir un échange et se demander quelle est notre stratégie pour aller de l'avant dans les semaines à venir».
«À partir du lundi 20 avril, les chantiers vont ouvrir à nouveau au Luxembourg», a annoncé le Premier ministre. Ce sera également le cas pour les centres de recyclage et les magasins de bricolage. Par rapport à l'éducation, une autre phase va durer trois semaines. On va se donner le temps nécessaire, celui de l'incubation, au cas où il y aurait des infections. Une première phase le 4 mai et une deuxième le 11 mai. On va partager les écoliers en deux groupes. A et B, avec une alternance une semaine et puis l'autre pour faciliter le transport scolaire. Le 25 mai, l'école fondamentale, les crèches et les foyers vont ouvrir à nouveau.
«Aucune festivité pour la fête nationale»
«La première phase durera trois semaines, les phases suivantes dépendront de l'analyse de la première, mais le confinement reste la réalité», a insisté Xavier Bettel. «Il y a juste un relâchement, mais le contact social doit être réduit au maximum. Le principe de rester chez soi est toujours en vigueur avec les exceptions énumérées». «Jusqu'au 31 juillet, les festivités et les grands rassemblements ne seront pas permis», a enchaîné tristement le Premier ministre. «Il n'y aura pas de festivités pour la fête nationale. C'est important pour la sécurité des personnes qui travaillent à ces organisations. Cette date sera peut-être rallongée».
«Au niveau de la protection de la bouche, porter une protection buccale est un geste barrière supplémentaire», a martelé dans sa première partie d'intervention Xavier Bettel. «Il faut protéger les autres. Je ne parle pas forcément de masques, cela peut-être autre chose, mais ce réflexe de geste barrière doit devenir une réalité. À partir de lundi, où on ne peut pas respecter la distance de 2 mètres, la protection buccale sera obligatoire».
« Il faut apprendre à vivre avec le coronavirus »
«Les chiffres que nous avons au Luxembourg reculent, c'est important de le préciser», a tout d'abord précisé Paulette Lenert. «Le chiffre des nouveaux infectés, depuis le 25 mars, est en recul. Depuis cinq jours, l'occupation dans les lits est moins tendue dans les hôpitaux avec moins de 200 personnes à l'hôpital. Beaucoup de personnes ont pu quitter l'hôpital. 185 personnes ont pu rentrer chez elles».
«La situation est encore loin d'être rose, car le coronavirus persiste et il est encore loin d'être maîtrisé au niveau mondial», a insisté la ministre de la Santé. «Nous n'avons pas encore de vaccins et nous savons que le contact est important, car le virus passe d'une personne à l'autre. Il faut apprendre à vivre avec le virus, car tout relâchement n'est pas possible à long terme. Il faudra retourner petit à petit à la normalité. Nous avons prouvé les semaines passées que nous savons le faire. Le virus est toujours dangereux et sans les mesures prises, le taux de mortalité serait encore plus grave. Il n'est pas facile de survivre aux complications du virus. C'est une maladie grave à ne pas prendre à la légère».
«Le Luxembourg est le pays qui teste le plus»
«Nous voulons éviter absolument une deuxième vague», a encore répété Paulette Lenert. «La première vague, assez douce, est derrière nous, mais nous devons continuer à diminuer les contacts grâce aux gestes barrières. Le port d'une protection buccale est un geste barrière supplémentaire».
«Nous allons maintenir les lignes séparées dans les hôpitaux. Il faut maintenir une séparation des flux pour ne pas mettre les personnes en danger», a ajouté la ministre lors de la conférence de presse. «Tous les jours, nous sommes en contact avec les médecins et le personnel soignant. Au Luxembourg, nous sommes ceux qui testent le plus. Au niveau international, nous sommes les premiers et nous allons continuer pour avoir une vue globale par rapport aux personnes qui sont positives. On teste trois fois plus que les Allemands, quatre fois plus que les Belges et six fois plus que les Français».
«L'absentéisme est très faible dans les hôpitaux»
«Au niveau de la construction, nous allons faire de nombreux tests et nous adapterons nos mesures, si besoin», s'est voulue rassurante la ministre. «On va aussi chercher à savoir combien de personnes ont eu le virus pour savoir où nous en sommes par rapport à l'immunité au niveau du Luxembourg. D'ici deux semaines, on devrait y voir plus clair. Nous avons acheté de nombreux tests pour surveiller correctement la situation. Le suivi doit être continu».
«Nous sommes bien équipés et chacun va devoir être prudent», a terminé Paulette Lenert, avant de répondre aux questions de la presse. «On souhaite beaucoup de courage aux personnes qui sont malades et on remercie le personnel de la santé. Ils donnent de l'espoir pour les patients. L'absentéisme est très faible dans les hôpitaux».
Les questions de la presse
Les masques seront-ils obligatoires dans les écoles? Le ministre de l'Éducation apportera des précisions le jeudi 16 avril, lors d'une conférence de presse.
Des décisions communes à l'Union européenne? Au niveau européen, tout le monde travaille pour soi et ce n'est pas un point positif pour la coordination au niveau européen. En Suède, par exemple, il n'y a toujours pas de confinement...
Pourquoi le 31 juillet?
La date annoncée du 31 juillet n'a rien à voir avec la Schueberfouer, car c'est une organisation de la ville de Luxembourg. On a annoncé cette date pour garantir une prévisibilité. On décidera de ce qui se passera au mois d'août d'ici le mois de mai et de juin.
Le transport des écoliers? Nous devons garantir un espace de 2 mètres de distance ou alors il sera nécessaire d'avoir des protections buccales. Nous expliquerons les détails, dès le jeudi 16 avril, pour le phasage de la nouvelle entrée.
Le secteur immobilier est-il en crise? L'offre n'est pas plus importante pour le moment. Les visites n'ont pas lieu dans les habitations et ce sera pas possible avant le 11 mai pour organiser des visites. Les personnes qui ne vivent pas à un endroit ne doivent pas aller chez d'autres personnes. On comprend que c'est difficile pour les sociétés.
La chasse va-t-elle être interdite? Nous ne pouvons pas interdire la chasse. N'oubliez pas le problème de la peste porcine à nos frontières. Il faut tenir compte de la chasse pour lutter contre ce problème. Les grosses chasses n'auront pas lieu.
Comment se sentent les membres du gouvernement? Les membres du gouvernement se côtoient très régulièrement. J'ai des contacts quotidiens très réguliers avec Madame Lenert, par exemple, mais il n'y a pas d'exceptions par rapport aux membres du gouvernement. La dernière réunion a eu lieu dans trois salles différentes pour respecter la distance de deux mètres. Si d'ici lundi, nous devons avoir un masque, nous le porterons également.
Le congé collectif sera-t-il maintenu?
Par rapport au congé collectif, ce sera au ministre du Travail de communiquer. Des discussions sont en cours.
Pourquoi ouvrir les magasins de bricolage? Le secteur du bricolage va être ouvert. Ce qui est important, nous ne prenons pas ces mesures pour embêter les gens. Se donner un rendez-vous au supermarché ou au magasin de bricolage n'est pas une activité. Il faut aller là pour aller chercher des choses essentielles. On ne parlera pas de relâchement avant le 11 mai. L'idée, c'est d'occuper les gens pour qu'ils ne bougent pas beaucoup. Le phénomène général du shopping doit être minime.
Une application de tracking au Luxembourg?
Beaucoup de sociétés nous ont abordés par rapport à la gestion des données privées. On a déjà dit que la protection des données était une priorité absolue dans ce pays. Si on trouve une solution au niveau européen qui respecte la protection des données, on pourra en reparler. Il y a trop de questions pour le moment et on n'a pas encore assez de garanties. Huit ou neuf pays ont déjà des applications qui envoient des signaux si je suis positif. Quelques pays le font et nous nous sommes posé la question pour faire le suivi des malades. N'oublions pas la taille de notre pays et gardons les mesures de distanciation tant que les modalités ne sont pas claires. Pour le moment, nous n'avons aucune garantie. On en reparlera quand l'Union européenne prendra une position claire sur ce sujet. Il n'y aura pas de feu vert, ici au Luxembourg, avant cela.
Pour le moment, il n'existe pas de solutions communes au niveau européen. S'il y a une solution qui arrive sur la table, on pourra travailler dans cette voie. La protection des données est une règle que l'on doit respecter. Tant qu'il n'y aura pas de coordination entre les différents pays européens, on n'acceptera pas cela. Quels seront les effets secondaires de ce type de système?
L'Allemagne va fermer ses frontières durant 20 jours supplémentaires, qu'en pensez-vous?
On n'a pas été informés à ce sujet, mais ils ont dû décider cela ce mercredi matin, et c'est sorti de suite dans la presse. On n'est pas informés à l'avance par nos collègues allemands. D'autres pays voisins nous informent plus tôt. Avec la Rhénanie et la Sarre, ce n'est pas le cas.
Une réouverture des cabinets médicaux?
Nous sommes en discussion avec le secteur médical. Pour garder les capacités médicales, nous nous sommes limités aux consultations nécessaires. Nous discuterons avec le corps médical au plus tard la semaine prochaine. Nous ouvrirons en collaboration avec le secteur concerné. La hotline des dentistes était très demandée. Nous allons avoir une réunion avec les dentistes pour faire le point sur la situation. Si la hotline est surchargée, nous prendrons des mesures.
Réouvertures des chantiers, pays voisins informés?
Nous avons informé les pays voisins. Ce n'était pas leur problème, car ils n'avaient pas fermé les chantiers. Les personnes qui disposent d'une vignette, en Allemagne, passeront plus vite, par exemple.
(fl/L'essentiel)
Qui compose le groupe qui accompagnera le gouvernement dans le lutte face au Covid-19?
Nora Back – Présidente de la Chambre des salariés
Alexa Ballmann – Présidente du JHL (Jonk Handwierk)
Luc Frieden – Président de la Chambre de commerce Luxembourg
Erny Gillen – Expert en éthique
Claudia Monti – Médiateur du Grand-Duché de Luxembourg (Ombudsman)
Gilbert Pregno – Psychologue et Président de la Commission consultative des droits de l’homme
René Schlechter – Président de l’Ombuds-Comité pour les droits de l’enfant (ORK)
Prof. Claus Vögele – Professeur titulaire Psychologie de la santé à l’Université du Luxembourg