Aux États-Unis: La pornographie, une «crise de santé publique»

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Aux États-UnisLa pornographie, une «crise de santé publique»

Le porno est si répandu aux États-Unis qu'il doit être désormais traité comme une «crise de santé publique». Des experts appellent à le combattre, au même titre que le tabagisme.

«La pornographie est la forme la plus répandue d'éducation sexuelle aujourd'hui», résume Gail Dines, sociologue, professeur au Wheelock College de Boston.

«La pornographie est la forme la plus répandue d'éducation sexuelle aujourd'hui», résume Gail Dines, sociologue, professeur au Wheelock College de Boston.

AFP

«La pornographie est la forme la plus répandue d'éducation sexuelle, aujourd'hui. Des études montrent que l'âge moyen où l'on voit pour la première fois du porno est entre 11 et 14 ans. Et croyez-moi, ce n'est pas le «Playboy» de papa», résume Gail Dines, sociologue, professeur au Wheelock College de Boston et auteur d'un livre sur la question. «Ces images dégradantes et misogynes sont devenues monnaie courante et enlèvent aux jeunes leur droit à une vraie sexualité saine».

Presque toutes les familles américaines touchées

Le congrès de la Coalition pour en finir avec l'exploitation sexuelle entendait montrer que la pornographie est un problème complexe de société qui a besoin d'être considéré comme un problème de santé publique. Il a accueilli des médecins, des travailleurs sociaux, des chercheurs, des féministes, des dirigeants religieux, des militants contre la traite humaine et des anciens professionnels de l'industrie pornographique, laquelle génère des milliards de dollars.

«La pornographie fait des dégâts auxquels on ne s'attaque pas», accuse Dawn Hawkins, directrice de Morality in media, une association qui fait campagne contre la pornographie depuis 1962. «De nombreuses études disent que la pornographie fait du mal, ajoute la jeune femme. Nous savons que quasiment toutes les familles américaines sont touchées par la pornographie».

Effets nocifs sur les actrices

Donny Pauling, ancien producteur de films dits «pour adultes», pour «Playboy» et sur Internet, a quitté le métier en 2006. Il assure avoir été témoin des effets nocifs du porno sur les femmes qu'il mettait devant une caméra. Il doute par exemple que Miriam Weeks, une étudiante de 19 ans de la prestigieuse Duke University, qui a reconnu faire du porno sur Internet sous le pseudonyme de Belle Knox, ait eu la «maîtrise» de son destin comme elle l'affirme elle-même. «Je ne la crois pas», dit Donny Pauling. «J'ai recruté plus de 500 filles qui entraient dans le métier et aucune n'est revenue pour me dire merci», dit-il.

Facteur de violences sexuelles

Mary Anne Layden, une spécialiste des violences sexuelles de l'University of Pennsylvania, estime quant à elle que la pornographie a été un facteur dans tous les cas de violence sexuelle qu'elle a traités comme psychothérapeute. «Plus les garçons sont exposés tôt à la pornographie, plus ils sont susceptibles de s'engager dans des actes sexuels non consentis. Et pour les filles, plus elles en voient, plus elles sont susceptibles d'en être les victimes», dit-elle.

Mary Anne Layden affirme que si les autorités de santé «s'intéressaient au problème comme une question de santé publique, nous pourrions avoir des succès comme nous en avons eu pour le tabagisme».

(L'essentiel/ATS)

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