Ennui au travail20 cas de bore-out chaque année au Luxembourg
LUXEMBOURG - L'ASBL Mobbing indique traiter une vingtaine de dossiers par an de salariés qui s'ennuient au travail, car leur supérieur ne leur donne rien à faire.

Le «bore-out» au travail est un «phénomène assez connu» au Luxembourg, explique l'ASBL Mobbing.
DPAPlacé seul dans un bureau. Une table, une chaise. Votre patron ne vous donne pas de travail, vous restez sans occupation pendant des heures. Comment ne pas tomber dans l'ennui, voire la dépression, et envisager une démission? Le «bore-out» au travail est un «phénomène assez connu» au Luxembourg, explique l'ASBL Mobbing (NDLR: le Mobbing est le harcèlement moral). «C'est une tactique de harcèlement moral parmi d'autres. Au début, ce n'est pas forcément vécu comme un problème important pour le salarié, mais avec le temps, il s'interroge sur le sens de sa présence».
Sur les quatre dernières années, l'ASBL indique avoir traité une vingtaine de dossiers par an de salariés qui se sont plaints de ne pas avoir assez de travail: 20 personnes sur 145 dossiers en 2016, 18 personnes sur 201 dossiers en 2017, 36 personnes sur 238 dossiers en 2018 et 17 personnes sur 145 dossiers en 2019. Et ensuite? L'ASBL envoie des courriers aux employeurs. «Les cas de bore-out se règlent souvent par des arrangements financiers, indique Jean-Marie Bauler, avocat et membre du conseil d'administration de l'ASBL Mobbing. Les deux parties se mettent d'accord sur la résiliation du contrat, avec le paiement d'indemnités au salarié».
Pas de cas au tribunal
De mémoire, Jean-Marie Bauler n'a jamais eu vent de cas de bore-out au tribunal. «C'est difficile de poursuivre un employeur en justice, dans la mesure où le salarié doit rassembler des preuves, note-t-il. De plus, un procès prend du temps, son issue est incertaine. En outre, il n'existe actuellement pas de loi sur le harcèlement (moral ou sexuel) au travail dans le pays».
Pourtant, au moins 10% des salariés au Luxembourg sont victimes de harcèlement, estimait en février dernier Georges Steffgen, professeur de psychologie sociale et de travail à l'Université du Luxembourg. Le ministre du Travail Dan Kersch (LSAP) doit justement présenter un texte de loi sur le sujet d'ici la fin de l'année. À ce titre, l'ASBL Mobbing a été sollicitée pour participer à l'élaboration du document.
(Olivier Loyens/L'essentiel)
Que contiendra la future loi sur le harcèlement au travail?
Jean-Marie Bauler, avocat et membre du conseil d'administration de l'ASBL Mobbing indique que le projet de loi sur le harcèlement au travail devrait mettre l'accent sur la sensibilisation auprès des employeurs. De plus, le texte pourrait proposer pour les deux parties une procédure de médiation.