Accalmie à Firminy

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Accalmie à Firminy

De nouveaux incidents ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi à Firminy (Loire), dans la banlieue de Saint-Étienne. C’est l'annonce, mercredi, de la mort en garde à vue, d'un jeune originaire de cette commune, qui a mis le feu aux poudres. Tentative de suicide, selon la police. Bavure pour les jeunes du quartier.

Des dégâts matériels, mais pas de nouveaux affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, cette nuit, en banlieue stéphanoise.

Des dégâts matériels, mais pas de nouveaux affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, cette nuit, en banlieue stéphanoise.

afp

Mohamed Benmouna, 21 ans, était en garde à vue au commissariat du Chambon-Feugerolles (Loire) pour une affaire d'extorsion de fonds. Lundi, le jeune homme aurait, selon la police, tenté de se suicider dans sa cellule. En état de mort cérébrale, il est décédé mercredi. L’annonce de sa mort a été suivie, dans la nuit, par l'incendie de cinq voitures et d'un bâtiment désaffecté. "La rumeur a circulé très vite qu'il y avait ce jeune qui était décédé et qu'il y avait une bavure policière. Et ces personnes sont venues pour saccager", a déclaré Marc Petit , le maire de Firminy (Loire). Selon lui, il s’agirait d’individus "extérieurs au département".

Des incidents ont éclaté mardi soir entre la police et des bandes de jeunes d'un quartier de Firminy qui refusent de croire à la thèse du suicide. "Tout a commencé vers 21H00", raconte un animateur du quartier, "les jeunes se sont révoltés, c'était une grosse émeute, qui a duré quatre à cinq heures". Bilan : 32 voitures incendiées, des feux de poubelles et des incidents avec la police. Des violences se sont aussi déroulées au Chambon-Feugerolles et à La Ricamarie, deux communes proches. Neuf jeunes ont été interpellés à la suite des incidents qui n'ont pas fait de blessé mais causé d'importants dégâts matériels. Une source judiciaire a fait savoir que deux d'entre eux devaient être présentés ce matin au Parquet.

Appel au calme

"Nous lançons un appel au calme afin que ceux qui veulent respecter la mémoire de Mohamed le fassent de façon pacifique, sinon ils n'auront pas notre aval", a déclaré Mohamed Hansali, porte-parole de la famille Benmouna qui craignait que de nouveaux incidents n’aient lieu dans la nuit de mercredi à jeudi. Hier soir, quelque 200 CRS et gendarmes avaient été mobilisés, a indiqué la préfecture de la Loire. "Ca ne sert à rien de brûler et de casser. Ce n'est pas une solution", a déclaré le père de la victime, Abdelkader Benmouna.

Et si de nouveaux incidents ont eu lieu cette nuit à Firminy, la violence n'a cependant pas atteint le niveau de la nuit précédente. Aucun incident majeur n'a été constaté. Outre une dizaine de feux de poubelles, le bilan des incidents établi par les pompiers est de huit voitures incendiées, ainsi que l'annexe désaffectée d'un centre social de la ville. Mais, à la différence de la nuit précédente, il n'y a pas eu d'affrontements et de jets de pierres sur les véhicules des pompiers et de la police. Cette dernière a cependant interpellé et placé en garde à vue trois personnes pour des incendies volontaires allumés.
Ce matin, le calme était revenu. Saluant le retour au calme, la famille prépare, pour les jours prochains, l'organisation d'une marche à la mémoire de Mohamed Benmouna.

"Je veux savoir ce qui s'est passé"

Un médecin légiste devait examiner le corps jeudi "afin de vérifier s'il porte d'éventuelles traces de violences", selon le procureur de Saint-Etienne, Jacques Pin, qui "écarte a priori" la thèse d'une bavure policière. Selon le parquet, serait en cause la vétusté du commissariat du Chambon-Feugerolles, la cellule en question étant "délabrée" et "pas aux normes", avec notamment la présence de deux trous dans un mur, auxquels le jeune homme aurait fixé, pour se pendre, les deux extrémités d'une cordelette fabriquée avec la toile de son matelas.
Car si Abdelkader Benmouna, le père de la victime affirme avoir "confiance dans la justice", ce dernier exige la transparence : "Je veux savoir ce qui s'est passé pendant la garde à vue. Soit ils (les policiers) ne l'ont pas surveillé, soit le suicide c'est une couverture", a-t-il déclaré. « Mon fils ne s'est pas donné la mort, il était plein de vie. Ils étaient où les policiers ? Je ne comprends pas ce qui s'est passé, je veux la vérité", confiait-il sur RTL.

lessentiel.lu avec AFP

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