Au LuxembourgLe Planning familial croule sous les demandes d'avortement
LUXEMBOURG - Le nombre de demandes d'IVG a explosé en 2023 par rapport à 2022, note jeudi soir le Planning familial.
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Le Planning familial «a du mal à faire face à la hausse des demandes» d'avortement, note l'association dans un communiqué transmis jeudi soir, après son assemblée générale. Les IVG (interruptions volontaires de grossesse) «sont enfin accessibles dans nos trois centres», relève le Planning. En 2023, 1 034 femmes y ont formulé une demande d'IVG, soit une hausse «significative» de 46% par rapport à 2022.
Dans le détail, à l'issue de ces demandes, selon les chiffres du planning, 880 IVG ont été planifiées, dont 98,2% au Luxembourg et 1,8% à l'étranger (dont cinq hors délais). Sur ce total, 713 IVG, une hausse de 28%, ont été pratiquées au Planning jusqu'à 8 semaines après les dernières règles. En moyenne, les grossesses étaient à 4,5 semaines, en légère hausse.
Nouvelle hausse début 2024
«Le dernier pic du nombre d'IVG au Planning familial remonte à 2015», note l'association. Les chiffres ont ensuite baissé, avant de rebondir depuis 2021, «rendant la gestion de cette hausse de plus en plus difficile». Si deux postes de médecins supplémentaires ont renforcé le planning, les 5,5 équivalents temps plein répartis sur les trois sites sont «insuffisants», déplore l'ASBL.
«De plus, nous avons besoin de la création de poste de sages-femmes, une demande faite depuis plusieurs années», martèle le planning, qui déplore qu'aucun poste ne lui ait été attribué pour 2024. «Or, les trois premiers mois de l'année ont vu une nouvelle augmentation du nombre d'IVG».
Lacunes dans l'éducation sexuelle?
Le Planning s'interroge donc. Dans quasiment toute l'Europe, le nombre d'IVG baisse, sauf en France et en Espagne. Au Luxembourg, les seuls chiffres existants sont ceux du planning. «Ces IVG sont-elles des échecs de contraception? Sont-elles le signe d'un désintérêt grandissant pour la pilule? Est-ce le signe du manque d'une éducation sexuelle complète, neutre et accessible?», s'interroge l'association dans un communiqué.
Le Planning demande des statistiques nationales et complètes pour appréhender le phénomène et mettre en place des campagnes de santé publiques efficaces. «Même si nous avons peur de ne pouvoir gérer au mieux cette hausse, le Planning familial continue à revendiquer un accès sans contrainte et sans compromis à l'interruption volontaire de grossesse». Il demande aussi l'inscription dans la Constitution du droit à l'IVG, «considéré comme un principe d'égalité et un droit fondamental des femmes».
Les demandes sociales en forte hausse aussi
Le Planning familial a constaté une hausse considérable des consultations sociales. Elles ont été au nombre de 633 l'an dernier, au bénéfice de 211 personnes. Parmi elles, 36,5% n'avaient pas de couverture sociale et 49,75% étaient des familles monoparentales ou des femmes seules.
Face à la précarisation, le Planning réclame, entre autres, la généralisation du tiers payant social et la prise en charge de tous les soins médicaux des femmes enceintes, dès le premier trimestre.
Enfin, l'association a pris en charge 253 personnes victimes de violences conjugales, 169% de plus qu'en 2022.