«Il m’a dit: ''Je vais t’égorger, je vais te trouer la panse''»

«Il était aux alentours de 22h15, mercredi soir. Je revenais de Luxembourg-Ville, d’où je ramenais un client sur Gouvy. J’étais dans le village de Ourthe, lorsque la SNCB m’a contacté pour une mission: amener quatre clients de Gouvy à la gare de Troisvierges. C’est une procédure habituelle, dans les cas où il y a des perturbations sur le rail».

Chauffeur de taxi depuis onze ans, Fabrice officie au sein de la compagnie TTC Ardennes, basée à Deiffelt, près de Gouvy, en Belgique. Au volant de son Renault Trafic Combi à 9 places, il sillonne les routes belges et luxembourgeoises. «Nous sommes habilités à faire des trajets vers le Luxembourg ou du Luxembourg vers la Belgique, mais pas de courses intérieures au Grand-Duché», explique-t-il. Vers 22h30, Fabrice embarque donc ses quatre passagers à destination de Troisvierges. «Les quatre personnes ne se connaissaient pas. Le trajet, qui a duré une vingtaine de minutes, a été silencieux», relate-t-il.

Une fois arrivés devant la gare de Troisvierges, trois des quatre passagers descendent du taxi. Le quatrième, un individu dans la trentaine, qui était assis à l’arrière, reste dans le véhicule, et dit au chauffeur: «Ça ne va pas se terminer ici comme ça. Tu vas me conduire à Luxembourg-Ville».
Tenu par la législation, Fabrice explique alors que «ce n’est pas possible, mais que les CFL vont le prendre en charge» à destination de la capitale. C’est alors que tout bascule. La situation s’envenime. Fabrice raconte: «Il a commencé à s’exciter. Le ton est monté, et il m’a arraché les clés des mains et m’a envoyé son poing dans la figure que j’ai plus ou moins réussi à esquiver».

Voyant les choses mal tourner, Fabrice tente de calmer et de raisonner le client récalcitrant. «Je lui ai dit de se calmer, que nous allions trouver une solution. C’est alors qu’il m’a avoué avoir déjà fait de la prison et qu’il a proféré des menaces de mort à mon encontre: ''Je vais t’égorger, je vais te trouer la panse''». Ce, même si l’agresseur n’a brandi aucune arme.
À cette heure avancée de la soirée, il y a peu de monde devant la gare de Troisvierges.

Mais c’est alors que Fabrice voit un bus, stationné à proximité. Il se dirige vers la conductrice, et, sous couvert de lui demander si elle se rend à Luxembourg-Ville, Fabrice lui enjoint d’appeler la police. «Je me suis réfugié dans le bus, où je me trouvais en sécurité. C’est alors que l’individu, que je n’avais jamais vu auparavant, a pris le volant de mon taxi. La chauffeuse de bus a tenté de lui barrer la route avec son véhicule, mais il est monté sur le trottoir comme dans un rodéo et est parvenu à prendre la fuite».

Arrivée rapidement sur les lieux, une patrouille de police de Wiltz a immédiatement lancé l’alerte, prenant la déposition de Fabrice et le signalement de l’individu et du véhicule. L’enquête se poursuivait jeudi soir pour retrouver l’agresseur de Fabrice. «Je suis sous le choc. C’est la première fois que cela m’arrive en onze ans. Bien sûr, on se méfie toujours un peu, car on ne connaît pas les gens qu’on embarque, mais rien ne laissait présager pareille issue mercredi soir». Des individus auraient aperçu le Renault Trafic dans la nuit de mercredi à jeudi, mais «en attendant, je me retrouve sans outil de travail, et, donc, sans revenu», déplorait jeudi Fabrice. Qui a depuis pu se consoler, puisque son véhicule a finalement été retrouvé dans la soirée de jeudi.