ClimatL'impact dangereux de la fonte des glaciers sur nos vies
La fonte des glaciers, amplifiée par le changement climatique, représente une menace grandissante pour notre vie quotidienne.

À l’échelle mondiale, le recul des glaciers et la diminution des chutes de neige dans les montagnes vont impacter deux tiers de l’agriculture irriguée dans le monde, selon l’Unesco.
Photo by Agustín Lautaro on UnsplashLa fonte mondiale des glaciers, conséquence directe du réchauffement climatique, s’accélère. Centrales nucléaires à l’arrêt, agriculture et ressources en eau en péril, villes côtières menacées par les inondations... les conséquences pour les populations sont multiples.
À l’occasion de la première Journée mondiale des glaciers, l’Organisation météorologique mondiale et l’Unesco publient vendredi une série de nouvelles statistiques sur les «châteaux d’eau» de la planète.
Augmentation des catastrophes naturelles
En libérant de grandes quantités d’eau, la fonte des glaciers favorise les catastrophes naturelles comme les inondations, les glissements de terrain et les avalanches.
Les lacs qui se forment risquent de déborder, menaçant villes ou villages situés en aval. Le dégel du pergélisol augmente aussi les risques de désastres, tels que les coulées de boue.
Face à ces bouleversements, la justice est parfois saisie. À l’image cette semaine en Allemagne d’un paysan péruvien, dont la maison est menacée par la fonte des glaciers des Andes, qui demande au géant de l’énergie RWE de participer symboliquement aux travaux pour réduire le niveau d’eau d’un lac.
Biodiversité bouleversée
La ligne de neige s’élève, bouleversant la biodiversité. La végétation va gagner du terrain en altitude dans les montagnes. «Pour certains végétaux, ce sera trop sec ou trop humide. Nous allons assister à un énorme changement», explique Michael Zemp, directeur du Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS).
Ressources en eau en péril
L’eau libérée par la fonte des glaciers va alimenter rivières et lacs, mais cette source finira par se tarir.
«La majorité des bassins versants de la planète atteindront ce pic d’eau au cours du siècle» et «environ 30% ou plus l’ont déjà dépassé», selon M. Zemp. La fonte affecte l’approvisionnement en eau douce, en particulier en Asie centrale et dans les Andes centrales, «où les glaciers sont souvent la seule ressource en eau pendant les mois les plus chauds et les plus secs», relève-t-il.
La montagne
Selon un rapport publié vendredi par l’Unesco, les montagnes fournissent jusqu’à 60% des flux mondiaux annuels d’eau douce. Plus de deux milliards de personnes dans le monde dépendent directement de l’eau provenant des montagnes, pour leur eau potable, leurs installations sanitaires et leurs moyens de subsistance.
La moitié de l’eau du fleuve Amazone vient des Andes, souligne Abou Amani, secrétaire du Programme hydrologique intergouvernemental de l’Unesco. L’eau joue un rôle essentiel pour de nombreux secteurs économiques, tels que le pastoralisme, la sylviculture, le tourisme et la production d’énergie. «Dans les pays andins, 85% de l’énergie hydroélectrique provient des zones montagneuses», cite en exemple le rapport de l’Unesco.
Pour certaines communautés de haute montagne, le recul des glaciers va modifier des pratiques pastorales, à l’image de la minorité amérindienne des Aymaras, qui pour beaucoup doivent quitter leurs villages pour s’exiler en ville, ou des bergers au Tibet, explique le rapport.
À l’échelle mondiale, le recul des glaciers et la diminution des chutes de neige dans les montagnes vont impacter deux tiers de l’agriculture irriguée dans le monde, selon l’Unesco.
Niveau des mers
Les glaciers sont le deuxième contributeur à la hausse du niveau des océans, après l’expansion de l’eau de mer sous l’effet du réchauffement, mais ils devraient devenir le premier facteur «au cours des prochaines décennies», selon M. Zemp.
Le niveau moyen des mers s’est élevé de 10 cm dans les trois dernières décennies, selon les observations satellitaires de la Nasa.
«Chaque millimètre supplémentaire d’élévation du niveau de la mer expose 200 000 à 300 000 personnes de plus aux inondations», détaille M. Zemp. Avec des répercussions parfois mondiales. En 2011, à Bangkok, «des inondations majeures ont perturbé l’approvisionnement en disques durs des fabricants d’ordinateurs du monde entier», avec des effets négatifs sur le prix des ordinateurs et le marché de l’automobile, indique Stefan Uhlenbrook, directeur du département Eau et Cryosphere à l’OMM.
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