CubaCuba n'est plus présidée par un des frères Castro
Pour la première fois depuis près de 60 ans Cuba n'est plus, depuis ce jeudi, dirigée par un Castro. Mais le successeur est un homme formé dans le moule du régime.
La fin de l’ère castriste, dans les apparences, au moins. Pour la première fois depuis janvier 1959, Cuba n’est pas dirigée par un Castro. Après Fidel, qui a cédé son fauteuil en 2006 et est mort fin 2016, c’est au tour du petit frère Raul, 86 ans, de quitter ses fonctions. Il a remis les clés de la présidence cubaine à Miguel Diaz-Canel, premier chef de l’État cubain né après la Révolution.
Numéro deux de l'exécutif, Miguel Diaz-Canel avait été désigné mercredi, unique candidat pour succéder au président Raul Castro. Il a été élu aux plus hautes fonctions ce jeudi, jour du 57e anniversaire de la victoire de la baie des Cochons face à des troupes anticastristes soutenues par Washington en 1961, par les députés, pas franchement réputés pour contester les «propositions» de la commission de candidature. Le nouveau président est surtout attendu sur le terrain économique et sur son aptitude à procéder aux réformes nécessaires pour redresser une économie stagnante (hausse du PIB de 1,6% en 2017) et fortement dépendante des importations et de l'aide de son allié vénézuélien aujourd'hui affaibli.
Changements de façade
Le changement d’époque pourrait toutefois n’être que de façade. Miguel Diaz-Canel, 57 ans, est en effet un homme du système qui a été préparé par le régime à assumer les plus hautes fonctions. Avocat du développement d'Internet sur l'île, il a su se donner une image de modernité tout en demeurant économe en déclarations. Mais il sait aussi se montrer intransigeant vis-à-vis de la dissidence ou de diplomates trop enclins à critiquer le régime. Une fois sa nomination confirmée, cet ingénieur en électronique né après la révolution devra asseoir son autorité et poursuivre l'indispensable «actualisation» du modèle économique cubain esquissée par le cadet des Castro.
De lourdes charges pour un homme au profil plutôt discret qui a gravi dans l'ombre les échelons du pouvoir. Miguel Diaz Canel pourra compter sur le soutien de son futur numéro deux, Salvador Valdes Mesa. Ce syndicaliste et cadre de haut rang du parti âgé de 72 ans a été proposé pour assumer le poste de premier vice-président, qu'occupe actuellement l'héritier de Raul Castro. Il sera ainsi le premier afro-cubain à occuper de telles fonctions depuis la révolution. Signe que cette transition a été placée sous le signe de la continuité, le président de l'Assemblée, Esteban Lazo, 72 ans, a été confirmé dans ses fonctions et Raul restera le très influent Premier secrétaire du Parti communiste cubain jusqu’au prochain congrès en 2021. Quant à Miguel Diaz-Canel, il n'a jamais présenté de programme, mais il devra tenir compte des «lignes directrices» votées par le parti unique et le Parlement, qui dessinent les orientations politiques et économiques à suivre d'ici à 2030. 2021, 2030. Quelle sera la date du vrai changement pour Cuba?
(JW/L'essentiel/afp)