Tensions à Jérusalem – Des extrémistes veulent marcher sur l'esplanade

Publié

Tensions à JérusalemDes extrémistes veulent marcher sur l'esplanade

Des fondamentalistes juifs ont appelé à marcher jeudi après-midi jusqu'au site ultra-sensible de la ville sainte, faisant redouter une nouvelle montée de la tension après la récente flambée de violences.

Les extrémistes ont annoncé leur intention de marcher à partir de 17h «jusqu'aux portes du mont du Temple», nom donné par les juifs à l'esplanade des Mosquées, un peu plus de 24 heures après y avoir provoqué de violents affrontements. Les heurts déclenchés par la visite d'une centaine d'extrémistes juifs sur le troisième lieu saint de l'islam ont marqué mercredi le début d'un vif accès de fièvre. Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville annexée et occupée par Israël, est en proie depuis l'été à des troubles qui se sont intensifiés au cours des dernières semaines et au cœur desquels se trouve l'esplanade des Mosquées.

Dans ce contexte, l'appel à la marche est susceptible d'échauffer encore les esprits, même si des mesures ont été prises. L'esplanade sera fermée aux non-musulmans à cette heure et il est peu probable que les policiers laissent les extrémistes juifs en approcher. Mais, dans le climat actuel, les termes de l'appel ne peuvent qu'être perçus comme une provocation supplémentaire par des musulmans exaspérés. «Nous voulons un véritable État juif. Nous voulons voir le Temple (reconstruit) sur le mont du Temple. Nous voulons voir Jérusalem reconstruite», proclame l'affiche du rassemblement.

Craintes d'une troisième Intifada

Les extrémistes juifs indignent les musulmans en réclamant le droit de prier sur l'esplanade des Mosquées qu'ils vénèrent comme le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 et dont l'unique vestige est le mur des Lamentations, en contrebas de l'esplanade. Les plus ultras dressent des plans pour le reconstruire. Leurs revendications de plus en plus bruyantes alarment Palestiniens et Jordaniens, en charge du site. Ils s'inquiètent du risque que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne cède à la pression pour donner des gages à l'ultra-droite en vue des élections attendues en 2015. Ils dénoncent aussi le nombre grandissant, selon eux, de visiteurs juifs sur l'esplanade des Mosquées et de leurs provocations.

Et s'indignent des restrictions imposées aux musulmans, comme l'exceptionnelle fermeture complète de l'esplanade la semaine passée. M. Netanyahu a répété à plusieurs reprises n'avoir aucune intention de modifier le statu quo qui stipule que les juifs sont autorisés à visiter l'esplanade, mais pas à y prier. À la tête d'une coalition gouvernementale précaire, M. Netanyahu s'emploie à contenir les ardeurs de sa droite sans pour autant la heurter. Occupation, guerre à Gaza, arrestations, brimades, chômage… Une conjonction de facteurs expliquent les crispations récentes qui font craindre une troisième Intifada. Mais l'esplanade des Mosquées et la mosquée Al-Aqsa qui s'y trouve représentent une véritable «ligne rouge».

«Utilisation politique cynique d'une situation particulièrement complexe»

Des jeunes Palestiniens y ont affronté les policiers israéliens mercredi et, fait rare, ces derniers sont entrés de plusieurs mètres à l'intérieur d'Al-Aqsa. Quelques heures plus tard, un Palestinien a foncé sur des passants et tué un policier avec son véhicule avant d'être abattu. Dans la soirée, un autre chauffeur palestinien l'a imité contre un groupe de soldats israéliens près de la colonie de Goush Etzion, en Cisjordanie occupée. Trois soldats ont été blessés, dont un se trouve dans un état critique. Le chauffeur s'est rendu jeudi. C'était la troisième attaque du genre en deux semaines. Les affrontements qui se sont propagés mercredi à plusieurs quartiers de Jérusalem-Est ont continué dans la nuit.

La police a dressé des barrages dans plusieurs quartiers et déployé des forces supplémentaires aux principaux carrefours. Les forces de sécurité ont également entrepris de disposer des blocs de béton pour protéger les arrêts de tramway de nouvelles attaques à la voiture bélier. Depuis l'été, ce sont près d'un millier de Palestiniens qui ont été interpellés. Pour le Premier ministre israélien, la situation à Jérusalem constitue aussi un défi diplomatique. La Jordanie, un des deux seuls pays arabes à avoir un traité de paix avec Israël, a rappelé son ambassadeur. Amman a dit vouloir faire appel à l'ONU pour faire cesser les agissements «graves et scandaleux» d'Israël sur l'esplanade. Dans ce contexte, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a accusé les députés de l'ultra-droite qui se sont rendus récemment sur l'esplanade de faire une «utilisation politique cynique d'une situation particulièrement complexe».

(L'essentiel/AFP)

Ton opinion