En FranceL'ado «loser» fan d'Hitler qui parlait de tuerie pour «attirer l'attention»
Enzo T., élève esseulé persuadé d'être harcelé et qui avait prêté allégeance au Führer, est jugé pour un projet de tuerie scolaire.
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Enzo T., élève esseulé persuadé d'être harcelé, avait prêté allégeance au Führer, et noirci des kilomètres de carnets d'une logorrhée inouïe de violence. «C'était pour attirer l'attention et me faire entendre», explique-t-il, mercredi, devant le tribunal de Paris, où il est jugé pour un projet de tuerie scolaire.
Dans le box, le ton calme du jeune homme de 21 ans à l'allure discrète tranche avec la haine de ses écrits empreints d'idéologies raciste, xénophobe, homophobe et antisémite.
Son ancien lycée pris pour cible
L'affaire avait été mise au jour après des renseignements reçus par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) au sujet d'une menace imminente d'attentat au sabre à Montpellier ou à Strasbourg, qui vaut à une autre jeune majeure de 21 ans de comparaître à ses côtés jusqu'à vendredi. Ils sont tous deux poursuivis pour des projets distincts d'actions violentes, des repérages et la diffusion de propagande tant jihadiste que néonazie.
Au moment de l'interpellation d'Enzo T. en septembre 2021, sa détermination à passer à l'acte transpire de ses notes, son «manifeste». Son «œuvre d'art» doit consister à cibler son ancien lycée en Seine-Maritime. Un carnet orange contient la liste des futures victimes, «les 33 harceleurs» dont Enzo T. a retenu les noms et les actes, jusqu'à la moquerie subie en CM2. La tenue est prévue, l'accès à l'établissement et la date aussi. La «vengeance» doit intervenir le 20 avril 2022 pour «faire un score» 23 ans après la tuerie de Columbine en 1999 aux Etats-Unis qui avait fait 13 morts. La date correspond aussi à la naissance d'Adolf Hitler.
«Désolé d'avoir été aussi loin dans les propos»
Un mois avant d'être arrêté, il imagine son interpellation et rêve du retentissement médiatique que son attaque aurait. «On se voyait comme étant supérieurs aux autres parce que dans la vraie vie on était des "losers"», commente le prévenu qui échaffaudait ses plans avec un autre adolescent, mineur alors.
Il se dit aujourd'hui «désolé d'avoir été aussi loin dans les propos». Ses «mises en scène horrifiques» devaient seulement «attirer l'attention d'un interlocuteur», assure-t-il. Pendant des heures, la présidente de la 16e chambre lit des extraits des carnets de l'adolescent où s'étale sa passion pour les tueries de masse qu'il connaît par cœur. «Ca vous évoque quoi?»: du «dégoût», dit-il, silhouette frêle dans un polo bleu sur sweat blanc. Elle retrace son parcours, le divorce de ses parents et la mort de son grand-père qui l'affecte énormément, et cette conviction tenace d'être harcelé.
«Parler avec quelqu'un» l'aurait aidé
Dès la classe de quatrième, il fait l'éloge d'Adolf Hitler et se déclare néonazi «pour essayer qu'ils me foutent la paix», avance-t-il pendant l'audience. Il passe des heures sur Internet et les réseaux sociaux, «aveuglé par la colère et la haine», et essaye de se «forger une identité à travers des idéologies ultra-violentes», de se «créer une identité d'homme fort qui n'a peur de rien et veut être considéré comme un héros».
Le jeune bachelier sombre dans l'extrémisme d'ultra-droite jusqu'à intégrer sur des chaînes cryptées des ramifications de la «Division Atomwaffen» et à prêter allégeance à ce réseau néonazi, né aux États-Unis, et qui est connu pour son idéologie raciste et antisémite.
Pourquoi avoir aussi prêté allégeance à la tuerie de Columbine?, l'interroge la présidente. «On s'intéressait à ce fait divers, les auteurs avaient été victimes de harcèlement scolaire», répond-il.
«Qu'est-ce qui aurait pu vous arrêter s'il n'y avait pas eu l'interpellation?», demande une juge assesseur. «Ce qui aurait pu me faire quitter cette atmosphère dans laquelle je baignais depuis trop longtemps, ça aurait été de parler à quelqu'un, ça m'aurait permis de m'extirper de tout ça».
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