En IndeEt si le jeu du loup devenait un sport olympique?
Les amateurs de kho kho, un jeu du loup survitaminé populaire en Asie du Sud, ambitionnent de l'inscrire au rang des sports qui comptent.
Pour un novice, il peut passer pour un jeu de cours d'école. Mais ceux qui le pratiquent à haut niveau considèrent le kho kho comme un sport à part entière que l'Inde, où il est né, rêve d'inscrire au programme des Jeux olympiques. Le pays le plus peuplé de la planète accueille depuis lundi dans sa capitale New Delhi la première Coupe du monde de la spécialité, variante survitaminée du chat, du loup ou de «attrape-moi si tu peux».
Pour cette vitrine, les organisateurs indiens ont réuni un plateau de 23 équipes nationales, de tous les continents, et mis les petits plats dans les grands en leur offrant une cérémonie d'ouverture haute en couleur façon Bollywood. La joueuse indienne Nasreen Shaikh, 26 ans, en est persuadée, ce rendez-vous international va faire sortir le kho kho de la confidentialité et l'installer au rang des sports qui comptent. «Nous avons franchi un pas avec cette Coupe du monde», veut-elle croire, «le prochain sera d'en faire un sport olympique».
Présenté aux Jeux olympiques de Berlin en 1936
Les historiens du sport font remonter les premières parties de kho kho - l'onomatopée du cri lâché par le joueur qui touche un adversaire - à plus de deux millénaires, quelque part en Inde. Populaire en Asie du Sud chez les filles comme chez les garçons, il a eu droit à une brève fenêtre olympique aux Jeux de Berlin en 1936, comme sport de démonstration. Mais faute d'audience mondiale, elle s'est vite refermée.
Le principe du kho kho est simple. Sur un terrain de 27 x 16 m coupé en deux dans sa longueur, sept chasseurs doivent attraper un maximum de proies en un temps limité. Puis les deux équipes changent de rôle. Première contrainte, seul un chasseur à la fois peut poursuivre les coureurs. Deuxième règle, il ne peut intervenir que dans une moitié du terrain. Lorsque sa proie franchit la ligne, il doit passer le relais à un équipier autorisé à courir dans l'autre moitié. La victoire est attribuée à l'équipe qui a touché le plus d'adversaires pendant le temps imparti.
Pendant deux fois neuf minutes, les joueurs virevoltent, bondissent ou plongent aux quatre coins du terrain pour se toucher. C'est épuisant sur le terrain. Vif et spectaculaire depuis les tribunes. Convaincus de son potentiel auprès du public, les Indiens ont relancé le kho kho en 2022. Pour séduire la télévision, la toute nouvelle ligue nationale a fait le choix de disputer les matches en salle et sur des tapis synthétiques plutôt qu'à l'extérieur sur l'herbe. Le succès n'a pas tardé. En dehors de l'intouchable cricket, le kho kho est aujourd'hui le troisième sport le plus suivi à la télé indienne, derrière le kabbadi - un autre jeu de «chat» - et le football.
Des amateurs aux quatre coins du monde
«Le cricket s'est développé parce qu'il a été diffusé en direct», note le capitaine de l'équipe masculine indienne de kho kho, Pratik Waikar. «Notre sport l'est aussi maintenant, alors je suis sûr que dans cinq ans, il aura franchi un nouveau cap». «Le tournant, c'est quand on est passé de la boue des terrains extérieurs aux tapis. Le jeu est devenu mondial», analyse le président de la fédération indienne (KKFI), Sudhanshu Mittal. «Aujourd'hui, il se joue dans 55 pays», poursuit-il. «On trouve des pratiquants en Allemagne, au Brésil ou au Kenya qui apprécient sa vitesse, l'agilité et l'équipement minimal qu'il requiert».
S'il y a d'abord été importé par des immigrants d'origine indienne, il séduit aujourd'hui de plus en plus de joueurs autochtones. «Je joue au kho kho depuis plus de quinze ans», témoigne le capitaine de l'équipe masculine d'Afrique du Sud, Nhlalwenhle Khoza. «On essaie de le promouvoir dans les écoles, les universités».
Optimiste, Sudhanshu Mittal espère rallier une dizaine d'autres pays à sa cause cette année. Son objectif? Séduire un maximum de nations pour convaincre la famille olympique d'intégrer son sport aux Jeux de 2036... que la ville indienne d'Ahmenabad souhaite organiser. Une ambition à laquelle la capitaine de l'équipe féminine d'Angleterre souscrit sans réserve. «Ce serait vraiment une chouette occasion de pouvoir devenir professionnelle. J'aime tant ce sport», confie Preena Shah, 20 ans. «Alors disputer les Jeux olympiques, ce serait carrément incroyable, la réalisation d'un rêve...».
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