Escroquerie : un procès pour une fausse prépa médecine à Paris

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FranceIl escroquait des étudiants via un compte au Luxembourg

Des dizaines d’étudiants français avaient versé plusieurs milliers d’euros chacun, sur un compte au Luxembourg. Un procès pour escroquerie s'est ouvert à Paris.

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Le procès de l’ex-patron de la classe préparatoire fantôme aux études de médecine «Hippocrate» et de cadres de cette société, soupçonnés d’avoir arnaqué en 2021 des dizaines d’étudiants, s’est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Sous contrôle judiciaire depuis décembre dernier après plusieurs mois de détention provisoire, Samy N., 25 ans, fondateur et gérant d’Hippocrate, est poursuivi pour escroquerie et travail dissimulé.

Seul un des trois hommes renvoyés avec lui, tous poursuivis pour complicité d’escroquerie, Yoann B., 31 ans, était présent à l’audience lundi. Victime d’un AVC et souffrant de «lourdes séquelles», Lionel L., 60 ans, «n’est pas en état d’être jugé», a estimé le tribunal qui a renvoyé son cas à une date ultérieure. Le quatrième prévenu, Ryade M., 27 ans, qui réside à Lyon, a fait savoir au tribunal qu’il n’avait «pas les moyens» de se rendre à Paris et qu’il ne savait pas comment obtenir un avocat pour le défendre.

Préjudice estimé à 400 000 euros

Des dizaines d’étudiants (le nombre de victimes est estimé entre 150 et 200) avaient versé plusieurs milliers d’euros chacun, dont ils n’ont jamais été remboursés, à «Hippocrate», une société promettant un cursus «innovant» qui n’a jamais eu lieu. Le préjudice est estimé à 400 000 euros.

À l’ouverture du procès, prévu jusqu’à mercredi, 107 familles d’étudiants floués, mais aussi d’anciens salariés non déclarés d’Hippocrate se sont constitué parties civiles. Au cours des investigations, confiées à la brigade de répression de la délinquance astucieuse, Samy N. s’est défendu en disant être un mauvais gestionnaire, mais a rejeté toute intention frauduleuse.

Salariés pas complétement payés voire pas du tout

En novembre 2020, Samy N. vit chez sa mère. Il a abandonné ses études de médecine à Lyon et créé la société «Hippocrate», domiciliée avenue des Champs-Élysées, à Paris, et se présentant comme une classe préparatoire aux études de médecine. Il embauche alors une quinzaine de personnes, mais au fil des mois, il ne les déclare et ne les paie pas complètement, voire pas du tout, selon l’accusation.

Pour valider leur inscription, les étudiants sont pressés par les représentants de la société de virer l’argent au plus vite sur un compte au Luxembourg. Lors du gel du compte à l’été 2021, le solde s’élevait à plus de 172 000 euros.

«Ne pas rester sur un échec»

Samy N. aurait envisagé le recrutement de 7 500 étudiants, 350 professeurs et l’ouverture de 30 centres dans toute la France. Un projet «irréalisable et mégalo», selon la gérante d’une prépa privée de médecine, entendue comme témoin. En août 2021, les professeurs ne sont pas recrutés, les locaux manquent. La formation n’aura jamais lieu. Les témoignages et plaintes d’étudiants affluent.

Samy N., condamné à Lyon au printemps 2021 à une interdiction de gérer pour pratiques commerciales trompeuses dans une précédente affaire, est mis en examen et incarcéré en octobre 2021, puis libéré. Il a été réincarcéré fin septembre 2024 pour violation de son contrôle judiciaire avant d’être libéré en décembre. Il a reconnu n’avoir jamais fait d’études de commerce ou de gestion. Pourquoi avoir lancé «Hippocrate» alors qu’il avait l’interdiction de gérer une entreprise? «Je ne voulais pas rester sur un échec», s’est-il défendu à la barre, provoquant la stupeur sur les bancs des parties civiles.

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(afp)

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