CoronavirusIsolés 8 mois, ils retrouvent un monde défiguré
Quatre chercheurs sont partis en février étudier l’écosystème d’un atoll perdu dans le Pacifique. Leur retour à la vie réelle, en octobre, s’est apparenté à une grosse claque.

Ils sont peut-être les dernières personnes sur cette planète à ne pas avoir été touchés, d’une manière ou d’une autre, par la pandémie. Partis en février dernier, quatre chercheurs ont passé huit mois à Kure, un atoll situé dans l’océan Pacifique, à plus de 2 100 kilomètres d'Hawaï. Au retour de leur mission, ils ont découvert un monde ravagé par un virus qui a décimé l’économie, surchargé les systèmes de santé et provoqué l’instauration de mesures de distanciation sociale et l’obligation de port du masque, notamment.
Les Américains Matthew Saunter, Naomi Worcester, Matthew Butschek II et le Néo-Zélandais Charlie Thomas étaient chargés d’étudier et protéger l’écosystème de l’atoll, qui abrite des centaines d’oiseaux et des phoques en voie d’extinction. Pendant ces huit mois, les quatre scientifiques n’avaient ni télévision, ni téléphone portable et leur accès à Internet était limité. Ils se contentaient d’échanger occasionnellement des e-mails – via une seule et même adresse – avec leur famille et leurs amis, qui les tenaient informés de ce qui se passait.
«Je me suis dit que c’était juste un truc de plus, rien de grave»
«Bien sûr que j’avais eu quelques infos à ce sujet. Mais avec d’autres maladies comme le SRAS et la grippe porcine, je me suis dit que c’était juste un truc de plus, rien de grave. Je pensais vraiment que ce serait déjà passé au moment où nous rentrerions chez nous», explique à CNN Matthew Butschek. Force est de constater que le jeune homme de 26 ans s’est trompé, et que la claque reçue par l’équipe de scientifiques à son arrivée, à Honolulu, a été monumentale.
«C’est assez bizarre. On devait dire au revoir à tout le monde à l’aéroport. J’étais contente d’avoir de la super nourriture. Mais je n’ai eu droit à aucune accolade depuis que je suis revenue», confie Naomi Worcester, 43 ans. Son collègue Matthew Butschek a, de son côté, l’impression d’avoir beaucoup de choses à rattraper. «Je crois que je suis encore en train d’apprendre les détails de tout ça. Heureusement, personne parmi mes connaissances n’a été testée positive au Covid», explique-t-il.
(L'essentiel/joc)