Luc Spada – «Je ne pourrais pas écrire en luxembourgeois»

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Luc Spada«Je ne pourrais pas écrire en luxembourgeois»

LUXEMBURG - Luc Spada a co-fondé la scène du slam au Luxembourg. Maintenant, le jeune acteur et écrivain sort son second livre.

L’essentiel Online: Tu viens de publier ton deuxième livre «Abführung der lebenswichtigen Mittelmässigkeit» (Évacuation de la médiocrité vitale), une sorte de remix pour ainsi dire. Es-tu fier de ton œuvre?

Luc Spada: Oui, absolument. Ce que je veux, c’est raconter une histoire. Publier un livre ça ressemble à un accouchement. Mon éditeur était une bonne sage-femme. Il ne s’agit ni d’un roman, ni d’un recueil de poésie lyrique. Il a vraiment compris où je voulais en venir. Le livre est composé de quatre parties qui démontrent que la vie peut se terminer demain. C'est pourquoi il faut vivre aujourd'hui.

Tu es aussi acteur. As-tu hâte de présenter ton livre sur scène (voir en encadré)?

Oui, maintenant, je peux le présenter aux lecteurs, susciter leurs réactions et les toucher. C’est ma manière de le vendre.

Tu as contribué à développer le slam au Luxembourg, tu es aujourd’hui acteur, tant au cinéma qu’au théâtre et tu es écrivain. Qu’est-ce qui t’as incité à choisir une carrière professionnelle si créative?

Je me suis rendu compte que j’avais le besoin inné de raconter une histoire. J’ai la chance que certaines personnes veulent bien m’écouter. C’est ce qui m’a toujours motivé, tant pour le spectacle que pour la rédaction. Je ne me sentirais pas épanoui si je me contentais de transposer les idées des autres sur scène. J’apprécie beaucoup le calme que j’éprouve en écrivant, et le fait que personne ne se mêle à mes idées.

Le slam n’a été qu’une étape de ta vie...

Celui qui écrit est toujours confronté au même problème: il faut partager son œuvre. Pour un écrivain, il est important de se forger une réputation. Je voulais savoir comment les gens allaient réagir à mon texte, à ma présentation. C’était la raison pour laquelle j’ai tenu à tenter le slam. Mais après un an ça m’a énervé: cinq minutes sur scène ne me suffisaient pas pour m’exprimer. D’autant que je n’essayais pas de plaire au public en ironisant sur les chemins de fer allemands ou d’imiter Mario Barth (ndlr: un comédien allemand qui parle surtout de la relation entre les hommes et les femmes). C’est pourquoi je n'y participe plus. Mais de temps à autres ça me fait plaisir d’animer le «Poetry Slam Luxembourg» au Kulturhaus Niederanven.

Tu habites à Berlin et tu es diplômé de l’École d’art dramatique de Munich. Est-ce que le fait de quitter le Luxembourg à été une étape importante pour toi?

Oui, en effet, cela a été très important. Un petit espace avec un bien-être matériel incite à prendre ses aises: cela tue la créativité. J’adore Munich, mais à partir d’un certain moment tout se ressemblait: École d’art dramatique, métro, dodo, fête privée. Berlin est beaucoup plus grand. Tu fais trois stations de métro et tu as l’impression d’être dans un autre pays. Je resterai fidèle à cette ville, mais à partir de la fin de l’année, je passerai plus de temps en Suisse.

Tes textes sont en allemand. As-tu déjà songé d’écrire en luxembourgeois?

Non, je ne pense pas que je pourrais écrire en luxembourgeois. Je m’y sens beaucoup moins à l’aise. La langue allemande me laisse plus de marge de manœuvre. Je peux par exemple inventer de nouveaux mots. Et contrairement aux autres, je ne trouve pas que cela importe que je n’écrive pas en luxembourgeois. Je ne comprends pas pourquoi je devrais avoir une mission éducative en tant que jeune auteur. Mais peut-être que les livres se vendraient mieux?

Beaucoup de personnes dans la vingtaine essaient de trouver un emploi stable après leurs études, se soucient de leur retraite et de leur sécurité sociale. N’avais-tu jamais peur de ne pas pouvoir gagner ta vie en tant qu’artiste?

Je ne peux pas me plaindre. Je ne nage pas dans l’argent mais je gagne bien ma vie. Je voulais depuis longtemps être un artiste indépendant. Et je ferai tout pour cette devise. Je suis heureux. Je tiens beaucoup à ma liberté et à ma vie privée. L'autre côté de la médaille est que si dans un an il n'y a pas de projets pour moi, je devrai me débrouiller. Mais ça n'est pas d'actualité.

(Kerstin Smirr/L'essentiel Online)

Luc Spada en live

Le jeune écrivain Luc Spada présentera son second ouvrage «Abführung der lebenswichtigen Mittelmässigkeit» ce jeudi à 20 heures au Théâtre National du Luxembourg. Entrée libre. D'autres lectures au Luxembourg sont prévues dans les mois à venir. Plus d'infos sur le site Internet de Luc Spada.

Le livre, édité chez Guy Binsfeld, est disponible au prix de 18,90 euros.

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