Procès à Nancy«Je peux être violente et très impulsive»
NANCY - Lætitia Dupont, présentée comme l'instigatrice des viols et sévices imposés à une jeune déficiente mentale, séquestrée à Verdun en 2015, a témoigné à la barre.

La victime avait dénoncé les faits à une assistante sociale le 17 mars 2015, car elle avait peur de mourir.
AFP«Mon impulsivité, ma violence, c'est dû à tout ce que j'ai vécu, tout ce que j'ai vu», a dit l'accusée, âgée de 26 ans, une bande de cheveux noirs sur le haut de la tête, rasés sur le côté. Mme Dupont comparaît avec deux femmes et trois hommes, âgés de 22 à 30 ans, depuis lundi devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, pour avoir séquestré et martyrisé une jeune femme fragile de 20 ans, pendant plus de deux semaines.
Mme Dupont et son épouse, Caroline Denisart, qui hébergeaient la victime, lui avaient extorqué de l'argent, puis elles avaient sollicité le concours de trois hommes de leur entourage pour lui administrer une série de violences, en représailles d'un prétendu vol. La petite copine de l'un d'eux est poursuivie pour l'avoir frappée lors d'un passage à tabac, qui a duré plusieurs heures et avoir assisté à des brutalités sans réagir.
La victime, le crâne rasé et le corps tuméfié, privée de nourriture, attachée, étranglée, forcée d'aller deux fois dans l'eau glacée de la Meuse, avait dénoncé les faits à une assistante sociale, le 17 mars 2015, car elle avait peur de mourir. Issus de familles très modestes, les accusés ont raconté à la barre leur parcours de vie, marqué, pour la plupart, par un foyer instable et/ou des violences, l'absence de qualification et aucune activité professionnelle.
«J'ai pensé que ça aurait pu être moi»
«Quand ma mère m'a mis au monde, elle ne s'est même pas occupée de moi», a raconté Mme Dupont, dont la jeunesse a été émaillée d'incidents. Premier joint à 13 ans, puis trafic de stupéfiants «pour assurer ma consommation et m'assumer», alcoolisation. Elle a été un temps attirée par l'idéologie nazie. «Je peut être violente et très impulsive», a reconnu Mme Dupont. «Mais, en détention, j'ai appris à contrôler mes nerfs: j'ai un suivi régulier et un traitement médicamenteux», a-t-elle précisé, piercing au sourcil et tatouage dans le cou. Les autres protagonistes l'ont présentée comme l'instigatrice des violences infligées à la victime, assurant s'être exécutés par «peur».
Un ami de Mme Dupont a raconté par visioconférence que, deux mois avant les faits, elle l'avait «enfermé» plusieurs heures dans sa chambre car il s'était plaint d'un vol d'argent. Elle était accompagnée ce jour-là de Manuel Pasquereau, soupçonné d'avoir été parmi les plus violents dans les supplices et viols subis par la jeune déficiente mentale. L'homme avait quitté Verdun le lendemain par peur des représailles.
Quand le calvaire de la jeune femme avait été révélé dans la presse, «J'ai pensé que ça aurait pu être moi», a soupiré l'homme, âgé de 27 ans. Une septième personne âgée de 56 ans, le père d'un accusé, comparaît libre pour «non-dénonciation de crimes». La victime, présente le premier jour, a préféré ne pas assister aux débats jusqu'à son audition, prévue mercredi, selon son avocate, Violaine Laguarrigue. Le procès doit durer jusqu'au 8 février.
(L'essentiel/afp)