Luxembourg: L'inflation grimpe encore, une nouvelle tripartite se profile

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LuxembourgL'inflation grimpe encore, une nouvelle tripartite se profile

LUXEMBOURG – Les dernières prévisions de l'inflation pour 2022 laissent penser qu'un nouveau Comité tripartite pourrait être déclenché.

Jean-François Colin
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Jean-François Colin
L'accord tripartite signé fin mars se heurte à une évolution de la situation.

L'accord tripartite signé fin mars se heurte à une évolution de la situation.

Editpress

Réunie mardi, la commission spéciale «Tripartite» a dressé le constat que «le nombre de tranches indiciaires initialement prévu par la tripartite devrait être dépassé». Entre février et mai, la prévision d’inflation du Statec pour 2022 est en effet passée de 4,4 à 5,8 %.

«Elle aura lieu», dit le LCGB

Face à cette évolution de la situation, Patrick Dury, président du LCGB, se montre on ne peut plus clair: «Une nouvelle tripartite Énergie aura bien lieu», car, ajoute-t-il, «le cas de figure d'un empirement de la situation déclenchant une nouvelle réunion du Comité tripartite est explicitement prévu dans l'accord signé fin mars».

Le président du syndicat chrétien appuie que «l’imprévisibilité devient de plus en plus grande, car la guerre en Ukraine a changé la donne» Et, ajoute-t-il, «cela se répercute à la fois sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la pérennité de l’emploi.» Toutefois, le patron du syndicat chrétien se réjouit de «la souplesse de cet instrument qu’est la tripartite, qui permet de nous adapter à une situation sans cesse évolutive».

«Prévisible» pour l'UEL

Jean-Paul Olinger, directeur de l’UEL, signataire de l'accord lui aussi, se veut plus nuancé. «L’accord reste pertinent. Le fait que l’inflation soit plus importante était prévisible. S'il devait une avoir une réunion du Comité tripartite, ce ne sera pas avant la fin de l’année, voire début 2023». Car, pour lui, «le fait que les compensations décidées interviennent en juillet plutôt qu'en août ne changent pas le problème».

Il ne se montre en tout cas pas étonné de l’évolution de la situation, puisque «le fait que l'inflation soit plus importante était prévisible, vu que les chiffres ne tenaient pas compte de la guerre en Ukraine en février». Pour Romain Wolff, président du syndicat de la fonction publique, CGFP, il est «inacceptable qu’une tranche indiciaire soit perdue», ajoutant sur les ondes de RTL qu'un nouveau Comité tripartite devrait se réunir «très bientôt».

L'OGBL veut «le retrait de l'actuel projet de loi»

Alors qu'elle n'avait pas signé l'accord initial, la présidente de l'OGBL, Nora Back, estime qu'«une nouvelle tripartite est à envisager» et que le cas échéant, elle «y participerait sans faire la politique de la chaise vide». Mais elle y fixe un préalable majeur: «Le retrait de l’actuel projet de loi. Il faut repartir à zéro, reparler de 2022, 2023, 2024… Mais je ne suis pas sûre qu'il y ait une volonté politique de revenir en arrière. Je n'y crois pas. Or, à quoi bon, si la loi est votée, aller discuter seulement de nouvelles compensations ou d'autres reports? Une nouvelle tripartite peut encore dégrader la situation pour les salariés. Si on nous rappelle pour cela, on ne va pas signer», poursuit Nora Back. Pour cette dernière la situation actuelle «donne raison à l'OGBL. C'est ce qu'on a dit dès le début, vu que les évaluations pour 2023 étaient liées à un scénario hors guerre en Ukraine». Pour elle, «il était imprudent de s'appuyer sur ces chiffres dans un contexte si volatile».

Enfin, la commission a majoritairement retenu que les partenaires sociaux qui assistaient à la tripartite ne seront pas entendus en commission lors des prochaines réunions, tandis que les chambres professionnelles, quant à elles, seront bien entendues par les députés.

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