En France – La compagne de M. Chiolo était «son détonateur»

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En FranceLa compagne de M. Chiolo était «son détonateur»

Des écoutes montraient déjà en 2016 la volonté de Michaël Chiolo, le détenu ayant agressé deux gardiens, mardi, de s'en prendre à des surveillants, «au nom d'Allah».

La prison d'Alençon/Condé-sur-Sarthe (Orne), où deux surveillants ont été poignardés mardi par un détenu radicalisé, était bloquée vendredi pour la troisième journée consécutive par des surveillants, un mouvement social qui a conduit au blocage de trois autres prisons et à des débrayages un peu partout. Des «failles» ont été mises au jour par l'attaque.

Michaël Chiolo, détenu de droit commun qui purgeait une peine de trente ans et s'est radicalisé en prison, avait déjà menacé, dans une conversation téléphonique en 2016, de tuer un surveillant. Cela lui avait valu d'être transféré de la prison de Besançon à celle de Strasbourg et d'être placé en quartier d'isolement, selon une source pénitentiaire. Il disait avoir reçu un ordre du «diable» dans son sommeil, détaille France 3, qui a consulté un document confidentiel de quatre pages.

«Je sors de la cellule avec un couteau, j'en attrape un»

À l'époque il avait été placé sur écoute après avoir tenu des propos «alarmants» dans la cour de promenade. Ainsi dans une conversation avec sa femme, il disait «Toute la nuit Sheitan (le diable), il était là, il m'a dit: «Demain matin, lorsqu'ils ouvrent la porte, tu leur fais un truc de fou» (...) Je sors de la cellule avec un couteau, j'en attrape un, je l'emmène dans la cellule, il n'y a personne qui fait rien».

Depuis son arrivée à Condé en mars 2017, le détenu n'avait pas provoqué d'incident particulier. Le chef d'établissement lui avait déjà accordé plusieurs séjours en UVF (unité de vie familiale), qui s'étaient déroulés sans difficulté. «Pour les chefs d'établissement, l'UVF est une façon de calmer la détention, d'acheter la paix sociale. On pense qu'après, les détenus vont rester tranquilles». Le ministère de la Justice a diligenté une enquête, afin de mieux comprendre ces dysfonctionnements. Les conclusions devraient être rendues publiques d'ici un mois.

Le couteau provient de l'extérieur

Le couteau en céramique avec lequel les surveillants ont été poignardés a probablement été introduit dans la prison par la compagne du détenu, qui n'a pas été fouillée. Le détecteur de métaux n'a pas permis de repérer l'arme.

Selon LCI, l'épouse de Michael Chiolo est considérée comme celle qui l'aurait fait basculer dans l'acte violent. «Il était radicalisé avant de la rencontrer. Mais c'est semble-t-il elle qui finit de lui monter la tête, c'est son détonateur», explique à la chaîne, une source proche de l'enquête. C'est d'ailleurs elle qui attaquera en premier les surveillants pénitentiaires, mercredi, relève LCI.

Après l'agression le matin des surveillants, Michaël Chiolo s'était retranché avec sa compagne, pendant près de dix heures, dans l'UVF de la prison. Après de vaines tentatives de négociations, le RAID avait lancé l'assaut, conduisant à l'interpellation du détenu et au décès de sa compagne.

(L'essentiel/cga/afp)

Deux gardes à vue levées

Deux des trois gardes à vue ordonnées dans l'enquête sur l'agression de deux surveillants pénitentiaires, mardi, à la prison de Condé-sur-Sarthe ont été levées, a-t-on appris de source judiciaire.

Il s'agit d'un codétenu de l'assaillant, qui se trouvaient dans l'unité de vie familiale au moment de l'attaque. Une troisième garde à vue est encore en cours pour une femme qui avait hébergé Hanane Aboulhana, la compagne de l'assaillant tuée dans l'assaut du Raid, mardi soir.

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