France/Grand EstLe bel hommage pour un pendu au Struthof en 1944
Frederick Habgood, aviateur britannique, a été pendu dans le camp de concentration alsacien en 1944. Sa gourmette a été rendue à ses proches ce dimanche.
![Paul Habgood, un ancien comptable de 63 ans, neveu du sergent navigateur Frederick Habgood, pendu à 21 ans au Struthof, avait été convié à la Cérémonie du souvenir annuelle. Paul Habgood, un ancien comptable de 63 ans, neveu du sergent navigateur Frederick Habgood, pendu à 21 ans au Struthof, avait été convié à la Cérémonie du souvenir annuelle.](https://media.lessentiel.lu/18/image/2023/12/05/2d45dfa2-6167-4089-a2ff-13693e4de6ed.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C600%2C398&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=2195cb62768105b13ea5f1313c885c5c)
Paul Habgood, un ancien comptable de 63 ans, neveu du sergent navigateur Frederick Habgood, pendu à 21 ans au Struthof, avait été convié à la Cérémonie du souvenir annuelle.
AFP«Enfin, nous ramenons Fred à la maison»: la famille de Frederick Habgood s'est vu remettre, dimanche, la gourmette de cet aviateur britannique retrouvée en 2018 dans l'ancien camp du Struthof, pur produit du système concentrationnaire nazi. Venu de Grande-Bretagne avec trois membres de sa famille, Paul Habgood, un ancien comptable de 63 ans, neveu du sergent navigateur Frederick Habgood, pendu à 21 ans au Struthof, avait été convié à la Cérémonie du souvenir annuelle.
Quatre-vingts ans après l'édification du camp, elle a pris ainsi un relief particulier, réunissant 300 invités avec, en toile de fond, l'imposant Mémorial de la déportation et sa longue silhouette creusée dans la pierre blanche. De forme ovale, frappée des insignes de la Royal Air Force britannique et portant le nom et le matricule du sergent, cette gourmette n'était pas une médaille réglementaire mais lui avait été remise en 1943 par des proches au Canada. «Oncle Fred» s'y était formé en tant que navigateur, a raconté M. Habgood.
Gourmette découverte par hasard
Dans une lettre adressée à son oncle, Fred écrivait : «J'espère que je pourrai les revoir après la guerre». Mais «cela ne devait jamais arriver», a sobrement relevé Paul Habgood. Pour les autorités britanniques, «oncle Fred» était même porté disparu, son corps n'ayant jamais été retrouvé. Mais en août 2018, miracle: la gourmette est découverte par hasard dans la fosse aux cendres du camp, lors de travaux d'entretien.
C'est Anna Bernard, une étudiante de 21 ans alors vacataire sur le site, qui l'avait exhumée en voulant récupérer un tuyau d'arrosage tombé dans la fosse. «J'ai vu un petit bout de chaîne qui dépassait, j'ai tiré et ça ne sortait pas. J'ai tiré plus fort et je me suis retrouvée avec le bracelet dans la main», explique-t-elle. «Je me suis dit, "ça, c'est pas rien, il y a le nom, le matricule dessus"», sourit Anna, qui signale immédiatement sa découverte.
Unique camp de concentration en France
Le début des recherches qui permettront de localiser les descendants du sergent Habgood. «Je suis très émue» et «vraiment très contente que le bracelet puisse leur être restitué», confie Anna. Né le 30 novembre 1922 à Londres, Frederick Habgood avait en fait survécu au crash de son avion, abattu par un Messerschmidt le 28 juillet 1943 vers Ottrott, près du Struthof. Son appareil faisait partie d'une centaine de bombardiers qui avaient décollé peu avant de plusieurs bases du Yorkshire pour pilonner les usines Bosch de Stuttgart, a expliqué Guillaume d'Andlau, le directeur du Centre européen du résistant déporté-Struthof.
Frederick s'est caché pendant quelques jours mais, peut-être dénoncé, il est capturé par la Gestapo puis emprisonné au Struthof, où il fut pendu le 31 juillet 1944. La découverte de sa plaque dans la fosse aux cendres «apporte la preuve qu'il a bien été incinéré dans le crématoire du camp», a poursuivi Guillaume d'Andlau. «Au nom de la France, je souhaite au sergent Habgood un bon retour chez lui», a déclaré Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, qui a remis la gourmette aux proches du sergent défunt.
Unique camp de concentration situé en France, érigé en 1941 dans l'Alsace alors annexée au Reich hitlérien, le Struthof a interné environ 17 000 détenus et déportés de mai 1941 à septembre 1944.
(L'essentiel/afp)