Accident près de CharleroiLe chauffeur convoqué pour son licenciement
LEUDELANGE - Le conducteur à l'origine d'un accident mortel la semaine dernière près de Charleroi a reçu ce mercredi une lettre de convocation pour un entretien préalable à un renvoi.
«Par la présente, nous vous informons que vous êtes convoqué à comparaître au sein de la société (…) le jeudi 8 août à 10h à Leudelange. Objet: entretien préalable à un licenciement.» Voici le contenu de la lettre reçue ce mercredi par Patrick G., chauffeur de la société Arthur Welter, impliqué dans l'accident mortel survenu la semaine dernière sur l'E42, près de Charleroi. «Je ne suis pas surpris de cette lettre, cela correspond à des pratiques que j'avais déjà constaté au sein de la société, affirme le chauffeur, contacté mercredi par L'essentiel Online. Je suis franchement déçu, car cette lettre survient alors même que je n'ai jamais reçu de nouvelle de mon employeur depuis l'accident.»
Une affirmation que dément la direction de la société de transport, qui confirme uniquement qu'une lettre de convocation pour un entretien préalable à un licenciement a bien été envoyée. «Mais cela ne veut pas dire qu'il y aura licenciement. Notre but est de déterminer les fautes qui pourraient mener à un licenciement mais aussi d'évoquer l'accident en lui-même, car de nombreux points d'interrogation restent en suspens autour des circonstances de la collision.» Selon nos informations, Patrick G. n'a pas l'intention de se rendre à cette convocation, ce dernier se trouvant en congé maladie pour accident du travail.
Un deuxième ouvrier est décédé
Pour l'OGBL, qui a pris la défense de Patrick G., l'envoi de la lettre «est purement honteux». «Cette lettre n'a pas lieu d'être car monsieur G. se trouve en accident du travail, cette démarche est contraire au droit du travail, indique Romain Daubenfeld, contacté mercredi par L'essentiel Online. Pour nous, cela n'est que l'illustration d'un système qui fait des chauffeurs qu'un maillon de la chaîne en lieu et place de salariés.»
À noter que la collision, causée par l'endormissement du chauffeur de la société luxembourgeoise, a fait deux morts, selon le quotidien belge L'avenir. La première victime, âgée de 25 ans, était morte sur le coup après avoir été heurté par un camion. La deuxième victime a succombé ce mercredi à de graves brûlures, causées par une peinture chauffée à 200° utilisée sur le chantier de rénovation de l'E42 où s'est déroulé l'accident. Deux autres ouvriers sont également grièvement blessés. Patrick G. a été laissé en liberté mais inculpé de faux et usage de faux pour avoir trafiqué le tachygraphe de son camion, d'homicide involontaire et de blessures involontaires.
(Jmh/L'essentiel Online)