Crise en Ukraine – Le gaz russe, une arme à double tranchant

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Crise en UkraineLe gaz russe, une arme à double tranchant

Vladimir Poutine a brandi jeudi la menace de l'arrêt possible des livraisons en gaz face aux Européens et aux Ukrainiens. Un quitte ou double économique pour Moscou.

La Russie temporise face à l'emploi de l'arme gazière contre l'Ukraine face au risque de lui coûter une partie du marché européen. Elle peut également affaiblir la position de Moscou dans les difficiles négociations en cours pour accéder au marché chinois. Pour la première fois cette semaine, le président russe Vladimir Poutine a repris la menace à son compte en laissant planer la possible mise en place d'un système de prépaiement pour ses livraisons de gaz.

Autrement dit: couper le gaz à l'Ukraine, dont les caisses sont vides et qui accumule 2,2 milliards de dollars d'impayés, au risque de perturber les livraisons vers l'Union européenne comme lors des «guerres du gaz» de 2006 et 2009. Pour autant, le Kremlin semble avoir choisi de temporiser. Si mercredi, l'organisation à la dernière minute d'une réunion du gouvernement russe avec Vladimir Poutine, consacrée aux relations énergétiques avec Kiev, avait alimenté les spéculations sur une fermeture immédiate des robinets, à la place, le président russe a demandé à Gazprom d'attendre de nouvelles négociations.

L'UE est moins vulnérable

Et jeudi, il a demandé aux pays de l'Union européenne de s'impliquer dans la résolution de la crise et de mettre la main au portefeuille pour que Kiev règle ses dettes. Même très réduite, cette ouverture tranche avec la position des autorités pro-européennes de Kiev, qui sont allées à la confrontation. Elles refusent l'augmentation de 80% imposée par Gazprom au 1er avril et ont cessé tout versement. Pour Moscou, le jeu est risqué. D'abord, l'arme a perdu de son efficacité. En effet, contrairement à 2006 et 2009, la crise intervient en fin d'hiver et les répercussions seraient limitées.

L'UE est aussi moins vulnérable, alimentée désormais en partie par le gazoduc Nord Stream via la mer Baltique, et assise sur d'importants stocks de gaz. L'UE s'est vite mise en branle pour mettre en place un plan de réduction de sa dépendance au gaz russe (plus du quart de sa consommation), en se fournissant davantage en Norvège, Algérie et gaz naturel liquéfié transportable par voie maritime.

(L'essentiel/AFP)

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