«Le Génie des Alpages» saute le mur des générations
F'murrr est un auteur à part. S'il a goûté à pas mal de genres, il reste le père, depuis 1976, du «Génie des Alpages», série-culte à laquelle Dargaud vient de consacrer un best of.
L'essentiel: Que représente pour vous Ce «Bêêêêstes of Le Génie des Alpages»?
F'murrr: C'est avant tout un plaisir pour l'éditeur plus que pour l'auteur. Ce best of induit pour moi des sentiments équivoques. C'est une forme de bilan que je ne trouve pas spécialement flatteur. On n'aime guère revenir sur de vieilles affaires et c'est ce que j'ai dû faire en me plongeant dans trente ans de «Génie des Alpages».
Vous n'avez pas aimé ce retour sur votre série?
Non, car il y a des périodes que je déteste graphiquement aujourd'hui. Je ne peux pas me satisfaire de la manière dont je dessinais à l'époque. Et puis, je crois surtout que la fraîcheur des débuts est irremplaçable.
Comment est né «Le Génie des Alpages»?
J'ai commencé en essayant de caser des pages dans «Pilote». C'était en 1971 avec «Les Contes à rebours». Un jour, j'étais par hasard dans la montagne, un vague troupeau est passé avec un berger. Et cela m'a donné l'idée du «Génie des Alpages» dont les vedettes sont le chien, le berger, le bélier Romuald qui se prétend le chef du troupeau et toutes ces brebis pour lesquelles j'ai inventé des dizaines de noms.
Depuis plus de trente ans, vous poursuivez cette série. Pourquoi?
Parce que mettre fin à une histoire, c'est déprimant. Alors, je fais tout pour la réinventer perpétuellement.
Ce best of, cela ne fait-il pas un peu chrysanthèmes?
Quand je suis allé chercher mes deux premiers exemplaires chez Dargaud, j'en ai dressé un et j'ai dit «c'est ma tombe!». On n'aime jamais trop devoir faire des bilans, mais en même temps, c'est aussi une manière de se remettre en cause.
De quoi êtes-vous le plus fier dans ces trente ans?
Que mes lecteurs d'aujourd'hui sont les enfants de mes lecteurs d'hier. On se transmet de génération en génération les albums du «Génie des Alpages».
Denis Berche