Le Liechtenstein dit non à Berlin

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Le Liechtenstein dit non à Berlin

Le chef du gouvernement Otar Hasler est passé outre les exigences d'Angela Merkel en assurant que son pays ne communiquera pas à l'Allemagne aucunes données fiscales sur ses contribuables et maintiendra l'anonymat des fondations.

Le secret bancaire ne sera pas levé a affirmé jeudi Otar Hasler, le chef du gourvernement du Liechtenstein, s'opposant par là-même aux exigences de Berlin. (afp)

Le secret bancaire ne sera pas levé a affirmé jeudi Otar Hasler, le chef du gourvernement du Liechtenstein, s'opposant par là-même aux exigences de Berlin. (afp)

L'Allemagne enquête sur un millier de ses ressortissants soupçonnés d'avoir fraudé le fisc en cachant des fonds au Liechtenstein. Mme Merkel a exigé mercredi la coopération de Vaduz en recevant M. Hasler à Berlin.

La principauté n'est prête à accepter une demande d'entraide judiciaire que s'il y a eu fraude selon le droit liechtensteinois, a déclaré M. Hasler au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), selon un communiqué diffusé par le journal avant la parution de vendredi. Il revient "aux autorités fiscales de chaque pays" de traquer elles-mêmes les contribuables qui les fraudent, a estimé M. Hasler.

Mme Merkel a exigé du Liechtenstein la même transparence que celle que Vaduz pratique envers les Etats-Unis. Mais M. Hasler a rejeté cette exigence: "l'accord d'entraide judiciaire avec les États-Unis prend appui sur le droit fiscal américain, spécifique et très différent de celui des États européens. Cela n'amène à rien d'exiger des conventions comparables", a-t-il dit.

Concernant les "quelque 50 000 fondations" du Liechtenstein, dans lesquelles investissent nombre d'étrangers pour échapper au fisc de leur pays, M. Hasler a affirmé vouloir "conserver le système qui existe depuis 80 ans", basé sur l'anonymat.

"Je ne peux pas m'imaginer" que l'on revienne sur cet anonymat, a-t-il dit. Il a accusé l'Allemagne d'avoir "trahi des secrets" bancaires en exploitant des données volées dans une banque du Liechtenstein et mis en garde Berlin, selon la FAZ, contre la tentation de freiner l'entrée du Liechtenstein dans l'espace Schengen. "Celui qui veut plus de coopération fiscale avec le Liechtenstein ne peut pas être contre notre entrée dans l'espace Schengen", a averti M. Hasler.

Pour les clients des banques liechtensteinoises, "la protection de la sphère privée restera un droit fondamental", a encore assuré M. Hasler. Il a dit que son pays "travaillait" à la mise en application de la 3e directive de l'Union européenne sur le blanchiment d'argent, tout en s'étonnant que Berlin l'exige du Liechtenstein "alors que l'Allemagne elle-même ne l'a pas encore transposée dans son droit national".

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