France – Le mariage gay à l'épreuve de la rue

Cette marche partira à 13h depuis trois endroits de Paris. Les organisateurs entendent maintenir la pression sur le gouvernement alors que le Parlement va examiner à partir du 29 janvier le projet de loi sur l'ouverture du mariage et de l'adoption au couple homosexuel.

Cette loi traduit une promesse de campagne du président Hollande pour légaliser le mariage homosexuel comme dans d'autres pays (Espagne, Portugal, Pays-Bas...). La police attend entre 150 000 et 300 000 participants. Le collectif avait rassemblé 100 000 personnes contre le projet le 17 novembre.

L'Eglise catholique et une partie de la droite espèrent rééditer la mobilisation-monstre de 1984 en faveur de l'enseignement privé, qui avait réuni de 850 000 à 1,5 million de personnes à Paris. Le président socialiste de l'époque, François Mitterrand, avait dû renoncer à sa réforme.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a réaffirmé que le gouvernement maintiendrait son projet, quelle que soit l'ampleur de la manifestation, excluant également un référendum réclamé par une partie des opposants et par 115 parlementaires dans un appel solennel. Une majorité de Français, 56%, sont favorables au mariage gay. Le soutien des Français à l'ouverture de l'adoption pour les homosexuels est moins fort, à 50%, selon un dernier sondage.

Des responsables catholiques et musulmans prendront part à ce cortège. L'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, s'est félicité samedi que de «nombreux catholiques» se mobilisent contre le projet, en assurant que «ce n'est pas une manifestation de l'Eglise contre le gouvernement».

Tous les opposants ne manifesteront pas ensemble. Le cortège de l'organisation catholique intégriste Civitas a ainsi été prié par les organisateurs de faire manifestation à part. Des responsables du principal parti de droite, l'Union pour un mouvement populaire (UMP), défileront, à commencer par son principal responsable, Jean-François Copé.

En revanche, l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, ne marchera pas dans les rues de Paris, pas plus que la présidente du Front national (extrême droite), Marine Le Pen. L'appel à cette «Manif pour tous» a divisé ces deux partis politiques.
La majorité socialiste a temporisé en renvoyant à un autre texte de loi le débat sur la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes.

«Tous nés d'un homme et d'une femme» est le mot d'ordre fédérateur des organisateurs de cette «Manif pour tous», qui comptent plusieurs porte-parole, dont l’humoriste, night-clubbeuse et lobbyiste catholique Frigide Barjot, 50 ans, très médiatique avec ses tenues roses, ses cheveux ébouriffés, son maquillage appuyé et ses médailles pieuses.

Hasard des calendriers, la manifestation intervient au lendemain du renforcement du plan antiterroriste «Vigipirate», en particulier pour les transports publics et les rassemblements de personnes, décidé après les opérations françaises au Mali et en Somalie. Les pro-mariage gay descendront à leur tour dans la rue le 27 janvier.

(L'essentiel Online/AFP)