Législatives en France«Si les extrêmes gouvernent, les frontaliers auront de quoi se plaindre»
LUXEMBOURG - En campagne pour conserver son siège de députée, l'élue thionvilloise Isabelle Rauch, spécialisée sur les questions frontalières, alerte sur les risques de profonds changements concernant les frontaliers et les relations avec le Luxembourg.
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Elle ne s'y attendait pas «à ce moment-là», même si beaucoup «se doutaient que cela pouvait arriver». Trois jours après la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, la députée mosellane Isabelle Rauch, très mobilisée sur les questions frontalières, est repartie en campagne pour conserver son siège, convoité par la gauche, mais surtout par une extrême droite en tête à Thionville lors du scrutin européen.
«S'il s'agit d'un danger? Ce serait délicat pour une grande majorité de Français et surtout intenable compte tenu des crises majeures que nous connaissons», explique l'élue, reprenant le discours du chef de son parti Horizons, Édouard Philippe.
«Nous n'avons pas tout réussi, mais il y a eu des avancées»
Et la question de la situation des frontaliers de revenir parmi les préoccupations de nombreux électeurs de cette 9e circonscription de la Moselle, si particulière en la matière: «Si le RN est au pouvoir, il sera beaucoup plus difficile de discuter avec le Luxembourg (...) Tout ce qu'on a pu construire serait mis à mal, notamment en matière d'infrastructures».
Sur les sujets centraux du télétravail ou encore de la fiscalité, Isabelle Rauch concède «ne pas avoir tout réussi», mais maintient que des avancées notables ont eu lieu au cours des sept dernières années. L'arrivée au pouvoir de partis peu enclins aux collaborations européennes et transfrontalières serait également pénalisante pour ceux qui vivent en France mais travaillent au Luxembourg, estime-t-elle.
Fiscalité et transports, enjeux principaux
«C'est assez simple. Le RN plaide en faveur du repli sur soi et le Front populaire de gauche veut taxer tous ceux qui dépassent le salaire médian (ndlr: environ 2200 euros nets en France). Avec les extrêmes au pouvoir, les frontaliers auront de quoi se plaindre».
Des positions précises qui restent à clarifier sur les différents thèmes. Lors des précédentes législatives, Laurent Jacobelli (RN) s'était notamment positionné contre la double imposition tandis que Brigitte Vaïsse (ex-candidate Nupes) plaidait pour des transports gratuits du domicile au travail.
Face à ces adversaires, la députée thionvilloise soutenait l'idée d'un «front républicain». Une coalition sans les partis extrêmes, qui se heurte aux récentes initiatives des appareils politiques. Après l'union des gauches lundi soir, le patron de la droite Eric Ciotti a annoncé mardi sa volonté d'alliance avec le RN, déclenchant une crise sans précédent dans la droite français. Et Isabelle Rauch de conclure: «Oui, c'est une campagne dans l'urgence dans un contexte très particulier».
La vague bleu marine aussi à Thionville
Isabelle Rauch a été réélue avec 55% des voix aux législatives de 2022 face à Brigitte Vaïsse (Nupes). Absent du second tour, le RN Stéphane Reichling avait obtenu 21,66% au premier. Aux élections européennes de juin, la liste de Jordan Bardella est arrivée largement en tête à Thionville avec 28,6% des suffrages devant celles de la macroniste Valérie Hayer (18,16%) et du socialiste Raphaël Glucksmann (12,43%). Pour contrer cette vague bleu marine, Isabelle Rauch mise sur l'éducation et la sécurité «dans les rues et dans les comptes publics».