Législatives: «On ira plus vite cette fois»: la Belgique devrait avoir rapidement un gouvernement

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Législatives«On ira plus vite cette fois»: la Belgique devrait avoir rapidement un gouvernement

Dans une Belgique réputée ingouvernable, le basculement à droite de la Wallonie, désormais mieux alignée politiquement sur la Flandre, est l'événement des élections législatives, de nature à faciliter la formation d'un gouvernement fédéral.

Bart De Wever, président de la N-VA, est candidat au poste de Premier ministre et fait figure de favori en tant que chef du premier parti du pays. Il a été reçu par le roi Philippe lundi.
Le roi a entamé ses consultations d'après-élections avec les présidents de partis, première étape avec la prochaine nomination d'une personnalité («informateur» ou «formateur») qui consultera ces derniers sur les souhaits respectifs et compromis possibles dans la perspective d'une coalition.
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Bart De Wever, président de la N-VA, est candidat au poste de Premier ministre et fait figure de favori en tant que chef du premier parti du pays. Il a été reçu par le roi Philippe lundi.

AFP

Dimanche, lors du vote renouvelant tous les parlements du pays, les libéraux du Mouvement réformateur (MR) sont devenus la première force politique en Wallonie. En récoltant près de 30% des voix, ils sont en mesure de constituer avec les centristes des Engagés (20,7%) une majorité régionale excluant le PS (23,2%), le traditionnel parti dominant du sud francophone.

Pour le politologue Vincent Laborderie, «c'est totalement historique». «On sort complètement du traditionnel récit belge des cinquante dernières années selon lequel "la Flandre est à droite et la Wallonie à gauche"», déclare à l'AFP ce professeur de sciences politiques à l'Université catholique de Louvain-la-Neuve. «On a l'impression d'un basculement structurel de l'électorat vers le centre-droit», ajoute-t-il.

La N-VA devant Vlaams Belang

De l'autre côté de la frontière linguistique, l'Alliance néoflamande (N-VA, conservateurs) est parvenue à faire mentir les sondages qui prédisaient une victoire du parti d'extrême droite indépendantiste Vlaams Belang (VB). Le VB gagne du terrain, à 22,7%. Mais avec près de 24%, la N-VA, qui domine le paysage politique en Flandre depuis dix ans, est bien placé pour garder la main sur l'exécutif régional, sans le Vlaams Belang et avec a priori un programme socio-économique proche de celui souhaité en Wallonie.

Résultat: pour former le gouvernement fédéral, le terrain d'entente entre partis néerlandophones et francophones devrait être moins compliqué à trouver... Alors que tous les Belges ont en tête les 493 jours de paralysie avant de voir naître à l'automne 2020 la coalition majoritaire de sept partis dirigé par Alexander De Croo.

Dans six mois

À l'époque, le pays avait frôlé le record des 541 jours sans gouvernement de plein exercice datant de 2010-2011. «Logiquement on ira plus vite cette fois», prédit M. Laborderie, laissant entendre un possible «atterrissage» dans six mois.

Selon Dave Sinardet, expert de l'Université libre néerlandophone de Bruxelles (VUB), tout va dépendre de l'attitude de la N-VA sur sa traditionnelle revendication d'une plus grande régionalisation des compétences, un sujet controversé du côté francophone. «S'il n'y pas de grandes demandes communautaires qui compliquent les choses, la constitution d'un gouvernement pourrait aller finalement assez vite», dit M. Sinardet.

Dès lundi, le roi des Belges Philippe a entamé ses consultations d'après-élections avec les présidents de partis, première étape avec la prochaine nomination d'une personnalité («informateur» ou «formateur») qui consultera ces derniers sur les souhaits respectifs et compromis possibles dans la perspective d'une coalition.

Bart De Wever en pôle

Bart De Wever, président de la N-VA, est candidat au poste de Premier ministre et fait figure de favori en tant que chef du premier parti du pays. Mais l'échéance des élections communales du 13 octobre va sans doute contribuer à figer son attitude sur l'agenda indépendantiste et l'éventuelle revendication d'une nouvelle réforme de l'Etat.

Vu la vigueur du Vlaams Belang ce 9 juin, et la menace que représentera encore ce parti le 13 octobre pour la N-VA, «c'est dangereux pour Bart De Wever de laisser tomber cet agenda», fait valoir Vincent Laborderie. Mais «si on met seulement six mois à former un gouvernement, avec le contexte d'élections communales au milieu, on pourra parler d'un processus relativement rapide».

Lundi matin Alexander De Croo a remis au roi la démission de son gouvernement, ouvrant une période de gestion des affaires courantes par le Premier ministre sortant. Autres conséquences concrètes du scrutin: la direction du parti Ecolo, un des grands perdants de dimanche, a démissionné, tandis que Paul Magnette, président du PS, a annoncé que sa formation rejoindrait l'opposition à tous les niveaux de pouvoir, au fédéral, en Wallonie et a priori à Bruxelles, troisième région du pays.

(afp)

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