Drame en EspagneLes pioches des pompiers ont-elles tué Julen?
L'avocat de la seule personne poursuivie pour la mort du petit garçon a transmis à la justice le rapport d'un architecte. Il tend à démontrer que l'enfant n'est pas mort des suites de sa chute.
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Depuis le décès tragique du petit Julen, tombé dans un puits non autorisé en janvier dernier à Totalan (sud), le propriétaire du terrain où est survenu le drame est dans la tourmente. L'avocat de David Serrano, qui fait l'objet d'une enquête judiciaire pour homicide involontaire par imprudence, tente d'atténuer les responsabilités de son client. Mercredi, Antonio Flores a présenté au tribunal d'instruction de Malaga un rapport rédigé par l'architecte Jesus Maria Flores Vila, qui se trouve être son propre frère.
Ce document, qu'«El Mundo» s'est procuré, tend à prouver que Julen n'est pas mort des suites de sa chute dans le puits, comme l'ont pourtant déterminé les médecins légistes. L'architecte ne remet pas en cause le traumatisme crânien fatal, mais accuse les secouristes d'en être responsables.
Selon le rapport technique, l'enfant de 2 ans aurait en réalité succombé aux coups de pioche effectués par les pompiers quelques heures après sa chute. Les hommes tentaient alors d'éliminer le bouchon de pierres et de sable qui s'était formé à 73 mètres de profondeur, et qui bloquait l'accès au garçonnet. Pour ce faire, ils se sont servis d'une pioche en acier d'un mètre de long et de sept kilos, introduite dans la cavité en étant attachée à l'extrémité d'une corde.
Flores Vila a décortiqué les vidéos réalisées à l'intérieur du puits dans les premières heures suivant la chute de l'enfant. Il affirme que sur ces images, on peut distinguer ce qui seraient les mains et la tête de Julen. L'architecte a d'ailleurs réalisé des croquis montrant la position que le petit garçon devait avoir après sa chute. «Il est impossible que l'enfant se soit cogné la tête en tombant les pieds en avant», souligne l'avocat de David Serrano.
Dans son rapport, Flores Vila affirme que huit cheveux de Julen ont été retrouvés à l'extrémité de la pioche. Une preuve qui, selon lui, incrimine les secouristes. «Les coups de pioche, dix impacts au total, entre 17h30 et 21h le jour de l'incident, sont les seuls qui aient pu physiquement produire les blessures sur la tête et le crâne de l'enfant», conclut Flores Vila, dans son rapport.
Sur la base de ces éléments, l'avocat de David Serrano a demandé l'ouverture d'une procédure contre les responsables de l'opération de sauvetage.
(L'essentiel/joc)