Liban: les pays arabes craignent la main mise de l'Iran
L’Arabie saoudite et l'Egypte, ont volé au secours du gouvernement libanais et proposé une réunion ministérielle arabe d'urgence. Ils se disent inquiets du contrôle de Beyrouth Ouest par le Hezbollah, piloté par la Syrie et l’Iran.
Les dirigeants arabes n'ont cessé depuis mercredi de souligner la nécessité de respecter et de préserver les institutions constitutionnelles libanaises, dont le gouvernement légitime de Fouad Siniora, et de résoudre les différends par le dialogue.
En privé, ils n'ont pas caché leur inquiétude de voir leurs alliés céder le terrain face à l'offensive de l'opposition, perçue par certains comme les instruments de l'Iran. Un diplomate égyptien a affirmé vendredi, que Le Caire ne «peut pas permettre à une partie soutenue par l'Iran de prendre le contrôle du Liban», en allusion au mouvement chiite Hezbollah. «L'Egypte et d'autres pays arabes sont très préoccupés par les agissements du Hezbollah au Liban», a indiqué cette source. Il a affirmé qu'«une solution a été proposée (jeudi) au Hezbollah qui l'a refusée ce qui signifie qu'il a l'intention de (poursuivre) le sabotage», a dit ce diplomate, en allusion à l'initiative proposée par le chef de la majorité Saad Hariri pour mettre fin à la crise.
«La situation aujourd'hui au Liban est dix fois pire qu'hier, et nous sommes très préoccupés car ce qui se passe, car cela veut dire que l'Iran veut contrôler ce pays», a-t-il poursuivi.
Les partisans armés de l'opposition, menée par le Hezbollah, ont pris le contrôle de plusieurs quartiers considérés comme des bastions de la formation sunnite pro-gouvernementale de Saad Hariri dans l'ouest de Beyrouth, selon un responsable de la sécurité.
Une réunion au sommet
L'Arabie saoudite et l'Egypte ont demandé la tenue d'une réunion extraordinaire, dans l'urgence, pour mettre un terme aux combats meurtriers à Beyrouth, a indiqué le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères.
«La demande a été adressée au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et il est prévu que la réunion se tienne dans les deux jours», a précisé le porte-parole égyptien dans un communiqué.
A Ryad, un responsable des Affaires étrangères a affirmé qu'«à la lumière de la dangereuse escalade au Liban, le royaume appuie la tenue de cette réunion». M. Moussa a interrompu son voyage aux Etats-Unis et était attendu au Caire vendredi pour décider des démarches à suivre pour contenir la crise libanaise, notamment la tenue d'un conseil ministériel extraordinaire, a affirmé son adjoint Ahmed ben Helli.
La Jordanie a également donné son accord à la réunion «dans le souci de mettre un terme à la crise politique au Liban et de ramener le calme», selon son chef de la diplomatie, Salaheddine al-Bachir. Amman, a-t-il dit, soutient le «gouvernement légitime et les institutions constitutionnelles au Liban» et appelle les belligérants «à respecter l'autorité du gouvernement» pour éviter «davantage de violences et de chaos».
Une autre proposition est venue du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui prévoit de charger le chef de l'armée libanaise, Michel Sleimane, de dialoguer avec les différentes parties afin de mettre un terme aux combats, a indiqué l'agence Saba. Le président yéménite a soumis sa proposition au général Sleimane ainsi qu'aux différents protagonistes libanais, et en a discuté au téléphone également avec des dirigeants saoudiens et égyptiens.
MC/lessentiel.lu avec AFP