La face cachée des albums de Martine: l'empreinte masculine

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Livre culteMartine n'est pas un stéréotype, «elle fait des trucs de garçon»

Le nouvel album «Martine sur la Côte d’Azur» sort mercredi. Une affaire de femmes... signée par des hommes

Casterman

Les nouveaux albums de l’héroïne Martine sont aujourd’hui une affaire de femmes, et pourtant apparaissent toujours sur la couverture deux noms d’hommes, les créateurs du personnage, tous deux décédés.

«Martine sur la Côte d'Azur», publié mercredi, poursuit la série d'albums de voyage lancée en 2021, après «Martine au Louvre», «Martine au château de Versailles», «Martine en Bretagne» et «Martine à Paris».

Auteurs: «Gilbert Delahaye, Marcel Marlier». C’est vrai pour le second, décédé en 2011, dont les illustrations continuent d’alimenter tous les albums de Martine, «reprises et adaptées». L’œuvre de Gilbert Delahaye, premier à imaginer les aventures de cette fillette, s’est quant à elle arrêtée avec sa mort en 1997. Ce choix de laisser leurs deux noms sur la couverture n’a jamais été remis en cause. Y compris quand Jean-Louis Marlier, le fils de Marcel, a pris le relais pour les textes.

«Leur univers»

Depuis 2021, c’est une femme qui écrit, en français et en anglais: Rosalind Elland-Goldsmith, Franco-Britannique de 45 ans. La question avait été discutée d’inscrire son nom, ce qui aurait été un tournant historique pour la série. Mais «Rosalind n’avait pas forcément envie de se mettre en avant», explique à l’AFP la présidente de Casterman, Charlotte Gallimard.

Cette autrice ne le regrette pas, et dit le respect qu’elle voue aux auteurs d’origine. «Il faut rendre hommage à Gilbert Delahaye et Marcel Marlier. C’est leur univers», affirme-t-elle. Éditrice et traductrice, elle y est venue par le biais de la réécriture, à une époque où Casterman a entrepris de simplifier les textes, en constatant que le public des «Martine» s’était rajeuni.

«Elle fait plein de trucs de garçon: elle est très aventureuse, elle tente, elle se dépense»

Céline Charvet, directrice du catalogue jeunesse de Casterman

Puis elle a écrit de nouveaux albums. «Il y a beaucoup de défis. Aussi bien au niveau visuel, puisque je travaille avec des images existantes, que de l’intrigue. Là, l’idée qu’elle partait sur la Côte d’Azur était dans le cahier des charges. Et elle devait se déplacer», raconte Rosalind Elland-Goldsmith. Selon Céline Charvet, directrice du catalogue jeunesse de Casterman, Martine n’est «pas dans le stéréotype de la fille discrète qui reste dans son coin à jouer à des jeux de fille». «Elle fait plein de trucs de garçon: elle est très aventureuse, elle tente, elle se dépense».

Casterman

L’héroïne parcourt ainsi les Alpes-Maritimes, de Mandelieu à Menton, en passant par Antibes, Cannes et le Mercantour. L’ouvrage est «publié en partenariat avec l’agence de marketing de destination Côte d’Azur France Tourisme», lit-on en petits caractères à la fin du livre. Martine est en effet devenue un outil de promotion touristique.

«Je pense toujours à un enfant qui ait l’âge de Martine à peu près, ou un petit plus jeune»

Rosalind Elland-Goldsmith

Lors de la présentation de l’ouvrage à la presse, la présidente de ce bureau de promotion du tourisme départemental, la sénatrice Les Républicains Alexandra Borchio Fontimp, a assumé: elle comptait emmener à l’avenir le livre dans ses déplacements à l’étranger, pour l’offrir.

Rosalind Elland-Goldsmith a beau se conformer à ce «cahier des charges», elle écrit d’abord pour des lecteurs qui ont aux alentours de quatre ou six ans. «Je pense toujours à un enfant qui ait l’âge de Martine à peu près, ou un petit plus jeune. J’essaie de lui donner une langue qui soit la plus orale possible, une narration à hauteur d’enfant, et des textes qui n’ont pas besoin d’être chargés en descriptions», détaille-t-elle.

(afp)

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