Tennis: Nadal hausse le ton et recadre Djokovic à demi-mot

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TennisNadal hausse le ton et recadre Djokovic à demi-mot

Accusé de bénéficier en silence d’un traitement de faveur, Rafael Nadal s’est défendu lundi. «Certains ont besoin de rendre public tout ce qu’ils font».

Rafael Nadal salue ses admirateurs depuis le balcon de la suite qu’il occupe à Adélaïde, durant ses 14 jours de quarantaine «soft».

Rafael Nadal salue ses admirateurs depuis le balcon de la suite qu’il occupe à Adélaïde, durant ses 14 jours de quarantaine «soft».

REUTERS

Cette fois, l’Open d’Australie est lancé, au moins par médias interposés. Après huit jours de plaintes et de polémiques autour des conditions de quarantaine – de «détention» selon Roberto Bautista Agut, qui n'a sans doute pas visité un service de soins intensifs en période de Covid –, Rafael Nadal est sorti de son silence. Il était temps. Car l’Espagnol, membre du Conseil des joueurs, commençait à cristalliser la grogne d’une grande partie du circuit.

Que lui reprochent ses pairs? De profiter d’un traitement de faveur à Adélaïde, comme d’autres stars du jeu (Djokovic, Thiem, Serena Williams, Halep, entre autres), mais surtout de n’avoir pas usé de son statut pour monter au créneau et défendre la troupe des confinés. «Je suis déçu de son silence», avait par exemple pesté l’Argentin Guido Pella. Lequel saluait comme d’autres la tentative vaine de Novak Djokovic d’infléchir les règles sanitaires de l’État de Victoria.

Eh bien cette comparaison avec un «Djoko roi de la solidarité», Rafael Nadal ne la goûte pas du tout. Il l’a fait savoir lors d’une interview à ESPN Argentine. «Ici, chacun essaie de faire évoluer les choses dans la mesure de ses possibilités. Nous nous entraidons. La seule différence, c’est que certains ont besoin de rendre leurs actions publiques. Alors que nous le faisons d’une manière plus discrète, sans l’étaler sur la place publique». Pour rappel, Novak Djokovic avait réclamé la semaine dernière des allègements de quarantaine via une lettre largement diffusée et débattue dans les médias australiens. Difficile donc de ne pas l’identifier dans les propos de l’Espagnol.

«Toujours dans le même sens»

Et Rafael Nadal de poursuivre sur un terrain plus théorique. «Où se situe la frontière entre les privilégiés et les non-privilégiés? Il faut faire la part des choses. C’est vrai qu’ici, à Adélaïde, nos conditions sont meilleures que celles de la plupart des joueurs à Melbourne. Mais parmi ces derniers, il y a ceux qui ont des chambres plus grandes, qui peuvent s’y entraîner et d’autres pas. Certains sont en contact avec leur coach, d’autres pas. Je suis d’accord pour parler d’équité, d’éthique. Mais pourquoi ceux qui se plaignent de nos conditions à Adélaïde ne dénoncent-ils pas celles des collègues enfermés dans leur chambre? Les différences de traitement sont toujours dénoncées dans le même sens. Pourquoi ne pas le faire vers le bas?»

On serait tenté de lui répondre que c’est exactement le défi relevé par Novak Djokovic. Certes avec des grands sabots et aucun succès. Mais il a essayé. Rafael Nadal et le Conseil des joueurs de l’ATP en ont peut-être fait autant. De manière plus discrète et diplomate. Deux styles, deux ambiances. Vivement le retour au jeu.

(L'essentiel/Mathieu Aeschmann)

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