Bande dessinée – «Notre avenir est dans le crottin de cheval et l'eau»

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Bande dessinée«Notre avenir est dans le crottin de cheval et l'eau»

Avec «Le Loup», Jean-Marc Rochette offre une forme de spin off à son précédent «Aile Froide».

Avec «Le Loup», Jean-Marc Rochette célèbre une nouvelle fois la haute montagne, sa beauté, sa violence.

Avec «Le Loup», Jean-Marc Rochette célèbre une nouvelle fois la haute montagne, sa beauté, sa violence.

Après «Aile Froide», Jean-Marc Rochette, l'homme du «Transperceneige», a choisi de revenir dans le splendide massif des Écrins pour une fable baptisée «Le Loup». Il en profite ainsi pour questionner la place de l'homme face au règne animal. Gaspard, qui vit au fond des montagnes, a perdu femme et enfant. Il n'a plus que ses brebis, son chien et sa colère comme unique compagne de jour sans fin.

Jusqu'à l'attaque d'une louve et de son petit qui décime son troupeau. Gaspard se venge en abattant la mère d'un coup de fusil. Le louveteau, témoin de la scène, ne va pas oublier le berger. Et celui-ci garde bien en mémoire qu'un futur loup adulte reviendra un jour rôder dans ses forêts. Dans la vallée du Vénéon, un grand loup blanc et un berger s'affronteront alors passionnément, jusqu'à leurs dernières limites, avant de pactiser et de trouver le moyen de cohabiter. «Un berger de mon entourage est venu me visiter. Il m'a raconté comment son troupeau avait subi une attaque de loup, trois jours avant. Il a mordu une vingtaine de bêtes que le berger a dû achever lui-même car ses brebis étaient à moitié égorgées ou éventrées. Cette sinistre vision m'a donné le point de départ de ce livre», dit Jean-Marc Rochette.

Avec «Le Loup», ce dernier célèbre une nouvelle fois la haute montagne, sa beauté, sa violence. Il insiste sans pareil sur l'engagement et l'humilité qu'il faut pour y survivre. Par la fiction, il tente surtout de trouver une porte de sortie au conflit irréductible de deux points de vue qui sont justes l'un et l'autre. Les bergers qui veulent protéger la vie de leurs bêtes et les parcs qui font tout pour sauver des espèces en voie d'extinction. Avant sa réintroduction, le dernier loup du Dauphiné a été abattu dans les années 40. Les habitants de la région étaient d'ailleurs surnommés les «brûleurs de loups» pour leur manière de traquer cet animal. De grandes battues étaient organisées afin d'encercler les meutes puis on brûlait le bois avec les loups à l'intérieur.

Avec son superbe album, Jean-Marc Rochette passe un message. «Le problème de l'homme aujourd'hui, c'est de n'être pas vivant. On a affaire à des gens semi-morts. Il faut réintroduire l'homme dans la vie, qu'il soit vivant». Vivant dans une jolie vallée, il fait son potager et prône un retour au primitif. «Notre avenir est plutôt dans le crottin de cheval et l'eau et la terre que l'on a enrichie que dans le délire vers lequel on va».

• «Le Loup» et «Extinctions». Jean-Marc Rochette. Casterman.

(Denis Berche/L'essentiel)

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