«Peinture et mannequinat sont tous deux un travail d'expression»
LUXEMBOURG - Être modèle et peintre. Difficile de jongler avec deux carrières si différentes? Pour Sonia Gleis (23 ans), pas tant que ça.

Sonia Gleis possède deux sites: www.soniagleis.book.fr
(pour la peinture) et soniag.book.fr (pour les photos).
L'essentiel: Vous êtes mannequin et peintre. Par laquelle des deux activités avez-vous commencé?
Sonia Gleis: J’ai commencé par la peinture, que j'exerce depuis que j’ai 11 ans. J'ai été influencée par mon oncle et ma grand-mère, eux-mêmes peintres. J'expose depuis l'âge de 13 ans.
Est-ce que la presse a joué sur votre jeune âge pour lancer un phénomène?
Non, elle n’en a pas parlé tant que ça. Elle a plutôt évoqué le fait que lors de mes vernissages, il y avait à chaque fois entre 100 et 150 personnes, et que mes expos prenaient l’allure d’une véritable fête.
Vous suivez des cours de peinture, pour notamment apprendre différentes techniques. Croyez-vous que la technique soit essentielle pour un artiste?
Oui, je pense que pour avoir une base, il vaut mieux en apprendre un minimum, ne fût-ce que pour pouvoir mélanger les couleurs. Et puis, il y a tant de personnes qui croient que la peinture abstraite est facile, alors qu’il y a derrière une œuvre, toute une logique qui, une fois discernée, vous fait apprécier un tableau à sa juste valeur.
Quel courant artistique vous passionne le plus?
L’art abstrait! J’ai eu une période figurative, notamment lorsque, plus jeune, je peignais des personnages de manga. D’après une étude faite il y a quelques années, il s’est avéré que j’ai été une des premières au Luxembourg à m’intéresser au manga dans la peinture. Ensuite, après cette phase qui a duré deux ans, je suis revenue à ce qui dès le début m'a toujours passionnée: l’abstrait. C’est dans cette voie que je souhaite évoluer. On peut exprimer les sentiments beaucoup plus violemment que si on ne se limitait qu’au figuratif.
On vous sent déterminée en tant que peintre, pourquoi alors le mannequinat?
Le mannequinat est une opportunité qui s’est présentée à moi un peu par hasard. Un journaliste m’a approchée lorsque j’avais 16 ans, et voulait savoir si j’étais intéressée pour poser pour une simple photo d’illustration, qui a terminé sur la une d'un magazine. Dans la foulée, j’ai fait plusieurs séances photo, entre autre avec Yves Kortum, qui m’a demandé si je ne voulais pas continuer dans cette branche. Et comme je suis toujours ouverte à de nouvelles expériences, je m’y suis embarquée.
N’ y a-t-il pas un fossé entre le milieu du mannequinat et celui de la peinture?
Non, justement, peinture et mannequinat sont tous les deux un travail d'expression. Quand je peins, je suis censée capturer l’expression que je ressens. Quand je pose, je dois savoir utiliser mon corps pour reproduire sur cliché ce que le photographe avait en lui. Et puis les photographes sont aussi des artistes qui fréquentent régulièrement les galeries d'art. J’évolue donc dans la même scène. Le mannequinat m’a ouvert beaucoup de portes dans le milieu de la peinture.
Est-ce qu’il vous arrive de refuser certaines propositions?
Oui, bien sûr. Comme dans toute profession, il y des gens sérieux, mais aussi des charlatans. Il faut être assez forte et savoir refuser des propositions dont vous n’appréciez pas l’éthique. On m’a par exemple proposé d’apparaître dans un show de téléréalité en France, et j’ai refusé. Tout comme j’ai refusé de poser pour «Playboy». Si j’avais accepté, on ne m’aurait pas respectée en tant que peintre.
Quels sont vos plans pour plus tard?
Comme j’ai 23 ans, en tant que mannequin, je devrais déjà être à la retraite, professionnellement parlant. Mais, comme généralement, on me donne 16 ans, j’ai la chance de recevoir des offres de la part de grandes agences internationales. J’alterne entre Paris, Londres, la Suisse et Bangkok. En même temps, je suis à un stade où je n’ai plus besoin de courir autant qu’avant pour m’affirmer en tant que modèle. J’ai la peinture à côté, et je souhaite vraiment en faire ma priorité, plus tard. Ce mois-ci, je serai présente au Festival de Cannes, aussi la marque francaise Iconoclast m’a choisie comme son nouveau visage. Au Luxembourg, on pourra me retrouver sur des photos pour la marque française de lingerie Lee Loo. Et pour terminer en Espagne, je fais la couverture du magazine «Actitudes». Côté peinture, je me concentre actuellement sur la production de nouvelles toiles, pour une prochaine expo.
Recueilli par Kalonji Willy Tshinza