Éducation au Luxembourg«Rattraper les élèves en chute libre»
LUXEMBOURG - Après dix ans d'exercice, les classes mosaïques sont un plus dans la lutte contre l'exclusion.
Dans une classe mosaïque, les élèves sont au calme et encadrés.
Julien*, du Lycée technique de Bonnevoie (LTB), s’est entraîné à regarder les gens dans les yeux et à ne pas surréagir quand un prof lui fait une réflexion. En réintégrant son ancienne classe, il pourra se tester en situation réelle.
L’ado est l’un des 2 000 élèves passés, depuis 2005, par une des classes mosaïques. Elles servent à prévenir l’exclusion d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage, comportements graves causés par un trouble psychique, un problème familial… «Quand un élève est en chute libre, notre rôle est de le rattraper avant qu’il ne touche le sol», illustre l’équipe pluridisciplinaire de la classe mosaïque du LTB.
Il existe aujourd’hui 26 classes mosaïques réparties sur 22 lycées. Après dix ans, le ministère de l’Éducation nationale tire un bilan positif et estime que 80% des élèves parviennent à se resocialiser et poursuivre leur cursus. Pour les autres, des améliorations sont malgré tout constatées. Une satisfaction partagée par les élèves (CNEL) et leurs parents (FAPEL). Même si le ministère note une hausse du nombre d’élèves avec troubles psychiques et regrette un manque de coopération de 45% des parents.
Pour certains des principaux intéressés, la classe mosaïque est un intermède bienvenu. «On a entendu des rumeurs, on pensait que ce serait dur, mais en fait, non. Nous gérons nous-mêmes nos travaux, les enseignants ont plus de temps pour nous et ça aide bien à affronter les problèmes de la vie privée», apprécient Vincent et Luca, du LTB. Le retour dans l’ancienne classe se fera quand ils seront prêts, pour ne pas répéter leur histoire.
* Les prénoms ont été changés.
(Séverine Goffin/L'essentiel)