Mondial-2014 – Ribéry en a encore sous le capot

Déjà actif vendredi en Finlande mais peu en réussite à portée de la surface adverse, le Munichois, toujours en quête d'affection pour donner sa pleine mesure, avait eu droit la veille à un petit tête-à-tête avec Didier Deschamps. Gestes à l'appui, le sélectionneur avait tenté de lui expliquer ce qu'il attendait de lui, deux jours après avoir publiquement analysé sa première prestation.

«Il est généreux, capable de faire des différences, l'avait encouragé Deschamps. Mais il a tendance à être un peu bas et après, pour être devant le but, il faut accomplir la distance. Il est habitué à ce registre au Bayern. Quelquefois, il dézone aussi dans l'axe. Plus il sera haut, mieux ce sera car il a plus de chance d'être décisif et il provoque des fautes». Il faut croire que les mots ont porté et l'entame du match a donné raison au technicien français. L'ailier, qui entame sa 7e saison dans son cocon bavarois avec le Bayern, a en effet multiplié les bonnes prises de balle, les bons appels et les centres précis que Giroud (13e, 25e) n'a pu concrétiser ensuite.

À l'image de cette prise en sandwich à deux à l'entrée de la surface dès la 4e minute alors qu'il avait réussi à s'emmener le ballon, Ribéry a aussi souvent contraint ses adversaires à multiplier les fautes. Mais malgré ses manifestes bonnes intentions et un Euro personnellement encourageant, le Nordiste semble toujours évoluer sur un fil depuis le catastrophique Mondial-2010 et ses matches ont souvent un goût d'inachevé. Là encore, c'était à se demander si la poisse n'était pas de la partie, Ribéry effectuant quasi-systématiquement le mauvais geste quand il en avait l'occasion, souvent après avoir initié l'action par des démarrages parfaitement exécutés.

Après avoir remonté le terrain en contre-attaque (15e), le dragster allemand calait ainsi soudainement à 30 mètres du but et se faisait alors rattraper par un adversaire qui n'en demandait pas tant. Mais après son rôle de mauvais génie dans la mutinerie sud-africaine, Ribéry a incontestablement retrouvé son bon état d'esprit, celui qui au début de sa carrière internationale en 2006 en avait fait le feu-follet des Bleus et le favori de Zidane. Alors qu'il fêtait sa 67e sélection, l'attaquant de 29 ans s'est accroché, n'a pas renoncé et a été récompensé quand il ne l'attendait plus avant de finir ensuite en apothéose, vivifié par ce coup de fouet salvateur jusqu'à son remplacement par Ménez (90e).

De façon pourtant paradoxale, il n'a pas réussi son plus beau geste technique sur sa transmission concrétisée par Capoue, mais le ballon gratté juste avant dans les pieds du défenseur est peut-être le signe qu'à force d'obstination il a fini par dribbler aussi le mauvais sort (49e). Et comme c'est encore lui qui décale ensuite Jallet sur son splendide but (68e), les statisticiens peuvent même lui compter une demie passe décisive supplémentaire!

Définitivement remis en selle, le Munichois n'a, pour finir, pas laissé passer l'occasion d'inscrire son 10e but en profitant d'un cadeau de Benzema avant d'aller piquer son ballon devant Vermeko (80e). Après six matches joués cette saison, autant avec son club qu'avec les Bleus, le panier de «Kaizer Franck» se retrouve donc déjà garni d'un but et de trois offrandes pour des partenaires. Quoique spécialistes, il ne doit y avoir que les Biélorusses à ne pas trop aimer son goût pour le caviar!

(L'essentiel Online/AFP)