Fonds détournés à la CNS«Si une fraude dure dix ans, il y a un problème»
LUXEMBOURG – Le ministre Romain Schneider a évoqué l'affaire de détournement de fonds à la CNS, mardi, devant les députés. Ces derniers n'ont pas manqué de réagir.
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Des agents de la CNS ont détourné deux millions d'euros durant une dizaine d'années.
Editpress/François AussemsAu lendemain de la révélation de l'affaire de fraude qui concerne la Caisse nationale de santé (CNS), le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider (LSAP) s'est rendu à la réunion de la Commission de la sécurité sociale. Il a «tenu à informer personnellement les députés, car c'est la gestion de la CNS qui est en cause», a-t-il dit à la sortie de la réunion.
Mais le membre du gouvernement ne s'est guère avancé sur le fond, se contentant de dire «qu'une enquête est en cours» pour déterminer la nature des faits. Il n'a pas voulu commenter les chiffres avancés par L'essentiel de deux millions d'euros détournés sur dix ans. À ce stade de l'enquête, la CNS estime qu'il s'agit de cas individuels et il n'est pas certain que les deux personnes soupçonnées aient un lien entre elles, a-t-il été dit durant la réunion.
«Une énergie criminelle»
Les députés membres de la commission ont fait part de leur inquiétude. «Cette affaire pose beaucoup de questions, nous n'en sommes qu'au début», a indiqué Jean-Marie Halsdorf (CSV). Selon lui, il faut distinguer le volet pénal, avec l'enquête, du volet «politico-administratif: on a vu qu'il n'y avait pas assez de contrôle, et deux personnes ont apparemment pu faire des magouilles». Il se félicite que des «collaborateurs consciencieux aient informé la hiérarchie» des faits.
Les députés ont parfois eu des mots durs. Tout en maniant les précautions d'usage liées à l'enquête et à la présomption d'innocence, Marc Baum (déi Lénk) évoque «une énergie criminelle» et se «pose des questions sur le fonctionnement de la CNS», tandis que Sven Clement, du parti des Pirates, a parlé de «malfaiteurs», «d'éléments criminels» et de «fraude». Selon le député pirate, «cette affaire montre qu'il y a un manque de personnel au service international de la CNS. On n'a pas les moyens de contrôler les virements internationaux», déplore-t-il. «Si une fraude perdure dix ans, on peut parler de problème structurel», avance-t-il.
(Joseph Gaulier/L'essentiel)