Jordanie: des chirurgiens du CHL opèrent des enfants syriens

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SolidaritéCes médecins du CHL changent le destin d’enfants syriens

Une équipe de chirurgie pédiatrique du Luxembourg nous a ouvert ses portes lors d’une mission humanitaire auprès d’enfants réfugiés syriens en Jordanie. Reportage.

Yannis Bouaraba
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Yannis Bouaraba
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Dans une salle du bloc opératoire de l’hôpital Istishari, à Amman, une équipe du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) opère un enfant syrien pour corriger une malformation du pied. L’expérimenté chirurgien luxembourgeois Jerry Kieffer dirige l’intervention. À ses côtés, le docteur Sabrin Zaghbouni, interne en chirurgie pédiatrique, l’infirmière instrumentiste Svetlana Kryszczak et le médecin anesthésiste Michelle Walsh. Le tout, sous le regard d’un infirmier jordanien, d’un radiologue, et de Nour Alabbas, coordinatrice locale de l’ONG la Chaîne de l’Espoir Luxembourg dans la capitale jordanienne. Après la dernière suture et la pose d’un plâtre, le jeune patient de 11 ans est conduit en salle de réveil, et l’équipe prend une courte pause, avant la prochaine intervention.

«Ce n’était pas si facile, il avait déjà été opéré à plusieurs reprises par des collègues, mais le problème de la prise en charge de cette pathologie (les pieds bots), c’est que ce n’est pas une intervention qui règle définitivement le problème. Il y a beaucoup d’appareillage et de kiné après l’opération, ce qui n’est pas toujours assuré ici et qui entraîne malheureusement des récidives», débriefe le docteur Jerry Kieffer, 66 ans, chirurgien pédiatrique au CHL et président de la Chaîne de l’Espoir Luxembourg.

L’ONG fondée fin 2016 par Dany de Muyser organise deux missions de chirurgie orthopédique par an en Jordanie pour opérer des enfants et des adolescents qui vivent dans les camps de réfugiés syriens et qui souffrent de malformations des membres inférieurs telles que les pieds bots ou la dysplasie de hanche. Des pathologies congénitales handicapantes que les jeunes patients issus des camps de Zaatari et Azraq n’auraient jamais pu soigner, par manque d’accès aux soins dans le royaume hachémite. La Chaîne de l’Espoir Luxembourg prendra en charge l’intégralité de l’hospitalisation, de la première consultation à la rééducation.

«Des interventions qui peuvent changer la vie d’un enfant»

Sabrin Zaghbouni, interne en chirurgie pédiatrique au CHL

«Venir en aide aux enfants qui n’ont normalement pas d’accès aux soins médicaux, c’est ce qui m’a poussée à participer à cette mission», explique Svetlana Kryszczak, infirmière instrumentiste. «Ce qui m’a beaucoup émue cette fois, c’est de reconnaître deux enfants qu’on a opérés il y a un an et qui marchaient presque normalement, c’était très émouvant», ajoute celle qui en est à sa troisième mission.

Sur place, la coordinatrice locale, Nour Alabbas, recense les patients volontaires, rassemble les dossiers médicaux et les envoie au docteur Kieffer, qui les étudie depuis son bureau au Luxembourg, avant son arrivée en Jordanie. Lors de la première journée, la petite équipe procède aux consultations des enfants et programme les opérations qui se succéderont pendant trois jours. Les deux jours qui suivent sont dédiés à des détections de luxations congénitales de hanche auprès de nourrissons de moins de six mois dans les camps de réfugiés.

«Cela peut être des interventions toutes simples, mais qui finalement peuvent changer la vie d’un enfant en l’aidant à remarcher, et aider les familles, et ça nous fait chaud au cœur», confie Sabrin Zaghbouni, interne en chirurgie pédiatrique au CHL et membre de la mission.

Trente ans d’engagement humanitaire pour le docteur Kieffer

La Chaîne de l’Espoir Luxembourg organise en Jordanie cinq missions par an, dont deux d’orthopédie, deux de chirurgie urologique et viscérale et une dentaire. Le coût total d’une telle mission se situe entre 25 000 et 30 000 euros pour cette équipe réduite et pour une semaine. Un montant qui couvre le déplacement et l’hébergement des médecins, la location d’une salle du bloc opératoire et du matériel, le transport des familles, les hospitalisations et le suivi post-opératoire assuré par les médecins de l’hôpital partenaire.

«Pourquoi je fais ça? Je ne sais jamais quoi répondre. Alors, je dis tout simplement: "Pourquoi je ne le ferais pas?"», sourit le docteur, qui a participé à des missions humanitaires en Europe de l’Est, en Asie et en Afrique depuis une trentaine d’années. Ce dernier aimerait désormais lancer un projet similaire en Syrie, où le régime Assad est tombé fin 2024. Mais avant ça, il faudra probablement obtenir le feu vert du ministère des Affaires étrangères et européennes et de la Coopération et de l'Action humanitaire.

Plusieurs missions par an

La Chaîne de l’Espoir Luxembourg organise plusieurs fois par an des missions de chirurgie pédiatrique et de formation des personnels médicaux locaux à l'étranger et participe à l’équipement de ses hôpitaux partenaires en Jordanie, au Sénégal et en République démocratique du Congo.

L’ONG prend aussi en charge au Luxembourg des enfants qui ne peuvent pas être opérés dans leur pays d’origine. Ils sont opérés par des médecins bénévoles travaillant en collaboration avec la Chaîne de l'Espoir Luxembourg et bénéficient d’un suivi post-opératoire.

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