Énergie en AllemagneUn village se déchire sur l'avenir du charbon
Dans l'est de l'Allemagne, les habitants du village de Proschim sont très divisés entre ceux qui souhaitent maintenir l'activité minière et ceux qui veulent l'arrêter.

Faut-il ou pas conserver l'exploitation du charbon? La question divise profondément le petit village de Proschim, aux confins orientaux de l'Allemagne, menacé d'être rayé de la carte. «Pourquoi devrait-on partir? C'est notre village natal, nos traditions, nos maisons. C'est ici que nous avons grandi!», s'insurge Sybille Tetsch, 48 ans, qui tient un restaurant à Proschim depuis quatre ans. La quadragénaire est revenue dans son village pour tenter de le sauver d'un engloutissement.
Depuis des années, les habitants de ce village de 300 âmes, situé dans l'État du Brandebourg, vivent la peur au ventre: et si la mine de lignite de Welzow-Süd, qui jouxte quasiment leurs maisons, était agrandie? Le groupe d'énergie Leag, qui exploite le site, ne doit rendre sa décision définitive que l'an prochain. L'Allemagne s'achemine certes vers une sortie complète du charbon pour sa production d'électricité, suite à un accord en ce sens conclu ce week-end. Mais elle sera très progressive et achevée en 2038.
Villages détruits
Pour Mme Tetsch et d'autres militants, il n'existe qu'une seule réponse possible: le maintien du village et le renoncement à l'agrandissement de la mine. Mais dans le bourg où chaque foyer a au moins l'un de ses membres travaillant dans le secteur, l'avenir du charbon est un sujet explosif. Dans les foyers, le charbon est souvent un sujet tabou. «Je suis le mouton noir de la famille», lâche Karin Noack, qui se bat aujourd'hui pour sauver le village. «Ils ne disent pas: "elle s'attaque à notre travail" mais "elle s'attaque à notre famille"».
«C'est tout à fait normal pour nous d'être toujours entourés par la lignite et c'est avec le charbon que Welzow a trouvé son identité», juge Birgit Zuchold, maire de l'arrondissement. Sybille Tetsch et Karin Noack éprouvent de l'admiration pour les mineurs, mais devant l'importance prise par les énergies renouvelables, l'extraction du charbon «n'est plus aujourd'hui une nécessité». Des dizaines de villages de la région ont été détruits par des pelleteuses et rayé de la carte à cause du charbon. Déambulant à travers ce qui fut le village voisin, Haidenmühl, Mme Tetsch désigne du doigt la carcasse d'un bâtiment: «Ici c'était mon école», explique-t-elle.
(L'essentiel/afp)