Incendie de Notre-DameUne PME lorraine tente de laver son honneur
BELLEVILLE-SUR-MEUSE - L'entreprise Le Bras Frères a été pointée un temps comme possible responsable de l'incendie de Notre-Dame. Elle a failli ne pas s'en remettre.
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Le 15 avril 2019, il est à peine 23h, Notre-Dame est la proie des flammes et, déjà, les premières accusations pleuvent contre l'entreprise Le Bras Frères.
AFP/-«Sur place, nous n'avions rien de chauffant»: deux ans après, Julien Le Bras lutte pour laver l'honneur de sa société de couverture, pointée un temps comme possible responsable de l'incendie de Notre-Dame, une accusation «sans fondement» qui a failli ruiner l'entreprise.
Le 15 avril 2019, il est à peine 23h. Notre-Dame est la proie des flammes et, déjà, les premières accusations pleuvent contre l'entreprise Le Bras Frères, une PME lorraine, dont le siège est à Belleville-sur-Meuse (Meuse). Celle-ci travaillait à la restauration de la flèche depuis 2018. «Sur le parvis, j'entends dire: "C'est le patron de l'entreprise qui est à l'origine du feu"», raconte Julien Le Bras, pourtant certain que sa société familiale de charpentes, couvertures et échafaudages, dont il est le PDG depuis 2014, ne porte «aucune responsabilité» dans le sinistre. Auparavant, il a interrogé ses salariés: faits, gestes, erreurs possibles. Et leurs réponses l'ont convaincu.
«Cellule psychologique»
«On ne soude pas nos échafaudages. Sur ce chantier en présence de plomb, le protocole prévoit combinaison, gants scotchés et masques à assistance respiratoire. En outils: un marteau et une clé de 22», répond-il face aux allégations de mégots ou de fer à souder chaud, qui auraient pu déclencher le sinistre. Perte de clients, arrêts de contrats, départs de deux assureurs de crédits: en quatre jours, l'entreprise, qui subissait aussi «insultes et menaces de mort sur les réseaux sociaux», se retrouve pourtant au bord du gouffre. En dépit des explications de M. Le Bras: «On ne nous écoutait pas». En urgence, le PDG réunit ses banquiers pour qu'ils n'imitent pas les assureurs. La Banque de France et un commissaire au redressement productif sont aussi parmi les convives. Pari gagné!
Le dirigeant, qui a «créé une cellule psychologique», rassemble dans la foulée ses salariés. Une «réunion mémorable dans l'atelier», où il explique «franchement la situation, les difficultés». Ensuite, pour rebondir, il parie sur les forces de l'entreprise: le «savoir-faire» de ses équipes plutôt que la baisse des prix. Et sur la formation que la maison promeut. Le site de Jarny (Meurthe-et-Moselle) dispose ainsi d'un spacieux bâtiment pour les apprentis et les compagnons. Le dirigeant bénéficie aussi de la confiance des autorités de Notre-Dame, où l'entreprise avait réalisé un premier contrat en 2009, l'année de son arrivée sur le marché de la rénovation de l'ancien (Louvre, Panthéon, cathédrale de Metz...).
Ainsi, pendant que «les pompiers éteignaient les dernières braises», ses salariés «sécurisaient le pignon nord de l'édifice qui menaçait de s'écrouler. Il a fallu 35 m3 de bois et 24 heures de travaux», se souvient le PDG. Deux ans plus tard, l'entreprise de 260 salariés vient de clôturer ses comptes sur un chiffre d'affaires de «50 millions d'euros» (50% dans la rénovation de l'ancien) et «un bénéfice», selon le dirigeant. Une résurrection après une «journée maudite», grâce, estime-t-il, à «l'état d'esprit des gars», au soutien de son entourage et à «la prise en main proactive des événements».
(L'essentiel/afp)